La "Mission Bern" pour la sauvegarde du patrimoine a dévoilé le montant des aides accordées à chacun des 100 sites sélectionnés en 2024. Un lieu par département est doté, des sommes allant de 60 000 € dans l'Ain à 300 000 € dans le Rhône. Ces montants viennent compléter des aides publiques et privées pour sauver des sites en péril.
Le loto du Patrimoine, c'est un peu le Noël des sauveteurs du patrimoine en péril : collectivités locales, associations, particuliers qui se mobilisent pour éviter que leur "trésor" ne tombe en ruine. Et en cette fin année, sous le sapin, la mission patrimoine vient de déposer de jolies dotations pour aider à financer les travaux de sauvegarde dans nos départements.
Ain : le grand cloître de l'ancien couvent des Ursulines à Thoissey (60 000€)
Le projet de restauration, d'un budget de 600 000€, est déjà bien engagé dans cette commune du Val-de-Saône. Lorsque la maire de la commune Anne Turrel, a eu connaisance de la sélection du site, elle nous avait confié : "On pourra non seulement ouvrir "l'espace des ursulines", mais on pourrait bien et ça nous trotte dans la tête depuis l'annonce (de la désignation du site par la mission patrimoine), mettre en valeur les morceaux de remparts qui nous restent".
Cela met du beurre dans les épinards du projet qui est financé
Anne Turrel, maire de Thoissey (Ain)
A Thoissey, à l'origine, il y avait des sœurs Ursulines, un ordre crée en 1535 dont la vocation était de s'occuper de l'éducation des jeunes filles et des malades. A la révolution, le couvent, bâti à la fin du 17e, a été divisé et vendu, lorsque les biens de l'église sont devenus biens nationaux.
Les différentes parties ont été plus ou moins bien entretenues et la question de la survie du site a été posée. Progressivement, la mairie a racheté les parcelles aux propriétaires privés et un petit cloître, attenant à l'office de tourisme, a été magnifiquement restauré.
Mais côté grand cloître, de l'autre côté des mûrs érigés au fil du temps, la nature a repris ses droits depuis 3 siècles, par endroits, les herbes folles courent encore sous les voûtes de pierre, en face, des ouvriers s'affairent, conscients du caractère indispensable de leur intervention.
Reportage de Yaëlle Marie et Christian Conxicoeur du 13 septembre 2024
Ardèche : le château de Boulogne à Saint-Michel-les-Boulogne (190 000€)
C'est un château en ruine qui porte encore beau, et pour cause : c'est la plus importante forteresse du Vivarais construite entre le 13e et le 16e siècle. Le lieu, situé sur un éperon rocheux, a été classé en 1915. Il accueille régulièrement festivals, concerts, ou encore spectacles ou journées portes ouvertes.
Mais l'édifice, en dépit de travaux de consolidation lancés à partir des années 80 par les nouveaux propriétaires, souffre des outrages du temps. Le donjon s'est effondré en 1958, et un morceau de muraille est tombé en 1979. Or, le petit château Renaissance et ses abords, comme un pont terrasse, sont devenus instables. Il est donc devenu urgent d'intervenir.
Drôme : moulins à farine et à huile à Barret-de-Lioure (130 000€)
C'est projet de restauration de deux moulins à farine et à huile, typiques de la Drôme provençale, qui sont nichés au coeur du parc naturel régional du Mont-Ventoux. L'origine du moulin à farine remonte sans doute à la première moitié du XVIIème siècle.
Rachetés par des propriétaires passionnés, des travaux ont déjà été entrepris, notamment sur la toiture du moulin à huile grâce au label fondation du patrimoine. L'objectif désormais est de les remettre en fonctionnement et les ouvrir au public pour faire connaître ce savoir-faire traditionnel.
Loire : château de Saint-Bonnet-les-Oules (270 000€)
Cela fait 800 ans qu'un édifice se tient à cet endroit surplombant la plaine du Forez, un bâtiment transformé au fil des siècles. D'abord maison forte au 12e siècle, puis château fort au 13e et enfin château néorenaissance en 1870 sous l'impulsion de l’architecte Louis-Antoine-Maurice Bresson, inspiré de Viollet-le-Duc.
Aujourd'hui propriété de la famille de Roquigny qui souhaite le faire vivre et l'ouvrir au public, le lieux est menacé. Sa toiture date de 1876 et n'a pas été rénovée depuis. Résultat, les ardoises ne font plus leur office et d'importantes infiltrations d'eau dégradent les plâtres, fresques et autres charpentes. Des travaux d'urgence ont déjà été menés mais une intervention plus en profondeur reste nécessaire pour redonner son lustre au toit et au crépi du donjon.
Reportage de Claire Exbrayat et Catherine Dol, diffusé le 23 septembre 2024.
Rhône : église Saint-Jean Apôtre de Régnié-Durette (300 000€)
Avec ses deux clochers, l'église Saint-Jean-Apotre ne passe pas inaperçue. D'un style tantôt qualifié de néo-byzantin, néo-baroque ou encore néo-gothique, on la doit à Pierre Bossan, célèbre architecte de la basilique de Fourvière à Lyon. L'édifice a été construit dans la deuxième moitié du 19eme siècle, en remplacement d’un précédent lieu de culte.
Bien que relativement récente, si on la compare aux autres sites dotés par la mission patrimoine dans notre région, l'église de Régnié-Durette est dégradée : la façade est abimée, on y trouve des joints ouverts et l'intérieur comporte d'importantes fissures.
Sa rénovation mobilise les habitants des environs qui ont constitué une association pour porter le projet : une collecte en cours affiche un total de 47 210 euros au 19 décembre et le mécénat et les autres aides ont porté le montant collecté à 152 210 €.
Nos journalistes N'daricaling Loppy et Nicolas Ferro étaient allés à la rencontre des passionnés de ce bâtiment le 15 mai 2024.
Depuis sa création en 2018, la mission patrimoine emmenée par Stéphane Bern, avec à son bord la fondation du patrimoine, le ministère de la culture et la Française des jeux a aidé plus de 950 sites dans leurs travaux de restauration. Ce sont ainsi près de 310 millions d’euros qui ont permis d’aider les travaux de restauration de l’ensemble des sites retenus :
- Près de 182 millions d’euros issus du Loto du patrimoine
- 88 millions d’euros crédits dégelés attribués par le ministère de la Culture aux projets portant sur
des monuments historiques - plus de 40 millions d’euros collectés par la Fondation du patrimoine, provenant de mécénats
d’entreprises, de dons de particuliers et de ses ressources propres
Les sommes versées par la Mission Patrimoine (dans la limite de 300 000 € par site) viennent compléter les aides publiques ou l’autofinancement pour atteindre la totalité du besoin de financement. A noter que la Fondation du patrimoine reversera cette aide aux porteurs de projet au fur et à mesure de l’avancement des travaux, sur présentation des factures.