C’est un dispositif unique en France qui a vu le jour à Lyon. Vendredi 22 octobre, une « ligne bleue » a été inaugurée dans une station de métro et en gare de Perrache pour faciliter le trajet des personnes autistes. L’occasion de questionner l’accessibilité des transports en commun dans la ville.
Faciliter la mobilité des personnes autistes. C’est l’ambition de la « ligne bleue » mise en place vendredi 22 octobre à Lyon. Le dispositif est actuellement déployé dans la gare de Perrache et dans une première station de métro, aux Brotteaux.
La « Ligne bleue » a été imaginée par le collectif lyonnais Les Traducteurs. Le projet est également soutenu par Keolis, la SNCF, et la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme.
« Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) se caractérisent notamment par ce qu’on appelle des difficultés ou des troubles sensoriels. La personne autiste a une perception différente de son environnement, elle va réagir de manière extrêmement forte au bruit, à certaines couleurs et lumières, en particulier quand il y en a trop. Chez les enfants et adultes TSA, ce type de difficultés peut générer de graves troubles de comportement.»
Claire Compagnon, déléguée interministérielle à la stratégie autisme et troubles du neurodéveloppement
Bruit, lumière, foule : dans les transports en commun, les facteurs de risque de troubles sont exacerbés. D’où le choix d’emplacement du dispositif. Pour bâtir le projet, le collectif Les Traducteurs a mené des marches exploratoires dans les transports, de novembre 2019 à février 2020.
Un dispositif conçu pour et avec des personnes autistes
Afin de permettre une meilleure accessibilité, une dizaine de personnes autistes ont été associées à ces marches. L’occasion de pointer du doigt les vraies problématiques et d’évacuer les mesures « gadgets ».
En faisant ces séances d’immersion, nous avons vraiment pris conscience, nous, neurotypiques, de ce qui posait problème aux personnes autistes. Puis nous avons cherché ensemble des solutions, des préconisations, pour qu’elles puissent être davantage autonomes
Guillaume Bourdon, Les Traducteurs
Parmi les solutions mises en place : des espaces sérénité qui doivent permettre aux personnes autistes de se reposer en cas de difficulté. L’utilisation de la couleur bleue dans ces espaces n’est pas anodine : elle est reconnue comme particulièrement apaisante en cas de difficultés.
Autre nouveauté: la mise en place d’une notice avec des pictogrammes. Elle a vocation à appuyer les personnes souffrant de troubles du spectre de l’autisme. Certains comportements qui peuvent sembler intuitifs ne le sont en effet pas pour tout le monde. Au-delà des personnes autistes, le dispositif à vocation à aider un panel plus large de personnes en situation de handicap.
L’immense intérêt de ce dispositif c’est qu’effectivement il est conçu par rapport aux troubles sensoriels des personnes autistes. Mais on sait bien que cela peut bénéficier aussi à beaucoup d’autres personnes qui ont des problèmes d’audition, de vision, qui supportent mal le bruit.
Claire Compagnon, déléguée interministérielle à la stratégie autisme et trouble du neurodéveloppement
En France, d'après la Haute Autorité de Santé, on estime à 700 000 le nombre de personnes autistes.