Ils étaient 1200 manifestants à Lyon ce dimanche 25 avril, et plus de 25.000 rassemblés à Paris et dans d'autres villes de France, pour contester l'absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi en 2017.
A Lyon, ce dimanche 25 avril, près des pancartes proclamant "Juges où est votre honneur ?" ou "Fume des joints, il ne t'arrivera rien", le grand rabbin Daniel Dahan a demandé que "la lutte contre l'antisémitisme (devienne) une grande cause nationale, pas seulement dans les discours, mais dans les actes".
Une décision de justice considérée comme incompréhensible
Cette mobilisation a eu lieu en réaction à la confirmation, le 14 avril, par la Cour de cassation, de l'impossibilité de juger le meurtrier de Sarah Halimi, compte tenu de l'abolition de son discernement lors des faits. Selon les sept experts psychiatriques qui l'ont examiné, Kobili Traoré, gros consommateur de cannabis, était en proie à une "bouffée délirante" lorsqu'il a tué sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi.
La cour d'appel de Paris avait conclu à l'existence d'un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits, ce que la Cour de cassation a jugé conforme au droit.
L'impossibilité d'un procès a suscité une très forte incompréhension au sein d'une partie de la communauté juive française, et déclenché un vif débat sur la responsabilité pénale des personnes atteintes de troubles psychiatriques sur fond de consommation de drogues.
Imaginer cette femme mourir dans des conditions si atroces c’est déjà insoutenable. Y ajouter le motif de l’abjection,l’antisémitisme,encore et toujours et sans fin,c’est à désespérer. Se lever comme un seul homme, une seule femme. Contre les haines. De bout en bout #SarahHalimi pic.twitter.com/CUUWTDeF1i
— Najat Vallaud-Belkacem (@najatvb) April 25, 2021
#Lyon / Présent et représentant officiellement @laurentwauquiez, Président @auvergnerhalpes, aux côtés de tous nos compatriotes pour demander la « Justice pour #SarahHalimi ». pic.twitter.com/MXhfGU4EW9
— PhilippeMeunier (@Meunier_Ph) April 25, 2021
Absent de Lyon,je serai par la pensée avec toutes celles et tous ceux qui ,cet après midi se rassembleront pour que reste dans nos mémoires l’assassinat horrible de #SarahHalimi .
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) April 25, 2021
Une mobilisation dans tout le pays
Les manifestants, qui répondaient à l'appel de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive, étaient aussi 2.000 à Marseille, 600 à Strasbourg et Deauville, 400 à Toulouse et Nice, selon l'Intérieur. A l'étranger, environ 500 personnes se sont rassemblées devant l'ambassade de France à Tel Aviv. Elles étaient environ 150 à Londres.
Ils étaient plus de 20.000 dans la capitale selon le ministère de l'Intérieur
Sous le mot d'ordre "Sans justice pas de République", les manifestants parisiens se sont retrouvés place du Trocadéro à l'initiative d'un collectif "Agissons pour Sarah Halimi". Dès le début du rassemblement parisien, à 14H00, les organisateurs s'étaient félicités d'une "immense victoire". Dans la foule, des pancartes ont été brandies, portant les messages "Pas de droit sans justice", "Justice défoncée ?" ou "Justice pour Sarah Halimi", quand d'autres manifestants huaient les magistrats de la Cour de cassation.
De nombreuses personnalités cultuelles, politiques, et du monde culturel et du spectacle, étaient également présentes pour réclamer "justice" pour Sarah Halimi, et une évolution de la loi.
Un projet de loi en préparation
En milieu de journée dimanche, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait déjà annoncé la présentation "fin mai" en Conseil des ministres d'un projet de loi visant à "combler" un "vide juridique", après que la Cour de cassation a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris.
Cette annonce fait suite à une demande du président Emmanuel Macron.