Un militant écologiste est jugé, mercredi 27 janvier, par le tribunal de Lyon pour avoir décroché un portrait d'Emmanuel Macron en mai 2019. En tout une 40aine d'actions en justice sont en cours ou ont déjà eu lieu. Le procureur a requis une amende de 500 euros, verdict le 1er mars.
Ils ont pris l'habitude de décrocher, et parfois de dérober, le portrait officiel du président Emmanuel Macron dans une mairie : les militants de l'association Alternatiba se retrouvent à nouveau, mercredi 27 janvier, devant le tribunal de Lyon. Cette fois-ci, c'est Charles, 27 ans, qui est jugé, toujours pour la même raison, le vol (ou l'emprunt selon les sources) de la photo officielle du président.
Selon un communiqué de l'association, "la campagne «Décrochons Macron» du mouvement ANV-COP21 vise à dénoncer l’inaction d’Emmanuel Macron et de son gouvernement face à la crise climatique et sociale. L’objectif de cette campagne : réquisitionner partout les portraits du président présents dans les mairies pour laisser symboliquement des murs aussi vides que sa politique climatique et sociale."
Le procureur a requis une amende ferme de 500 euros
Charles comparaît devant le Tribunal de Grande Instance pour avoir décroché de la mairie de Villeurbanne et emporté le portrait du président le 24 mai 2019, à l’occasion de la Journée de mobilisation internationale des jeunes pour le climat. En repartant de la mairie, Charles est arrêté par un employé de la mairie, qui récupère pacifiquement la fameuse photo. Plus tard dans la journée, le militant est arrêté et placé en garde à vue pendant plusieurs heures. Il avait ensuite reçu une convocation devant le tribunal. La peine encourue pour ce geste pouvait être de 7 ans de prison et 100.000 € d’amende selon l'association. Après une heure d’audience, le procureur a requis pour Charles une amende ferme de 500€. Le verdict sera rendu le 1er mars à 14H.
40 actions de décrochages
Les militants n'en sont pas à leur coup d'essai. Près de 40 procès ont eu lieu, ou vont avoir lieu. Plusieurs relaxes en première instance ont été prononcées, comme à Lyon en septembre 2019 pour 2 militants d'une trentaine d'années, qui avaient décroché un portrait dans la mairie du 2e arrondissement de Lyon en février 2019. Le tribunal avait reconnu une action "légitime" en invoquant "l’état de nécessité".
Dans cette affaire, les deux militants ont été condamnés en appel en janvier 2020, à 250 euros d’amende. C'est donc maintenant la cour de Cassation qui devra trancher.
A Valence en novembre 2020, le tribunal avait également reconnu "l’état de nécessité" et "la liberté d’expression".
150 portraits déjà décrochés
Selon nos informations, au total, il y a eu à ce jour :
- 150 portraits décrochés, déclenchant 86 perquisitions, et 236 auditions
- Il reste encore 17 procès à venir
- 14 condamnations ont été prononcées
- Il y a 4 pourvois en cassation en cours
- 4 procès en appel à venir
- 128 personnes placées en garde à vue
"Le temps nous fait défaut"
Charles fait partie de cette nouvelle génération d'activistes écologistes bien conscient que l'avenir de la planète se joue aujourd'hui avec des mesures fortes: "Je suis d’une génération qui a grandi pas seulement avec les téléphones portable et internet, mais aussi avec la préoccupation écologique, le trou dans la couche d’ozone, les douches courtes et couper l’eau quand on se lave les dents. Et en grandissant, j’ai fini par comprendre que la situation est carrément plus grave qu’on veut bien nous le dire, et que le temps nous fait défaut pour espérer changer les choses simplement en montrant l’exemple et en espérant que tout le monde finisse par comprendre. (...) D’un côté nous encourageons, mettons en avant et construisons les alternatives au système, de l’autre nous résistons, combattons, désobéissons ; opposition et proposition. En tout cas pas question de rester à genoux".
Le 8 décembre 2019, place du Trocadéro, à Paris, au beau milieu de négociations internationales pour le climat à la COP25 à Madrid, 100 citoyens ont brandi, tête à l’envers, 100 portraits d’Emmanuel Macron décrochés dans les mairies de tout l’Hexagone par les activistes d’ANV-COP21.