Des arrêts maladie pour burn out, des salariés en sont victimes régulièrement. Mais pour les employeurs, ce mal-être reste discret (par pudeur ou par défi) mais il existe, selon le constat du Syndicat patronal de l'artisanat du bâtiment dans le Rhône.
L'entretien débute avec le contexte général . Stéphane Labrosse est le Président de la C.A.P.E.B. du Rhône et du Grand Lyon. Son constat est net et sans appel : les difficultés des employeurs du secteur du bâtiment se sont accumulées depuis la crise liée au Covid. De nombreux artisans ont été impactés, ceux qui avaient bénéficié des P.G.E. (les Prêts Garantis par l'Etat) doivent désormais les rembourser. Des problèmes de trésorerie auxquels s'ajoutent désormais les problèmes d'approvisionnement en carburants, et le manque de matières premières lié au conflit en Ukraine.
"Je n'ai jamais vu ça"
Stéphane Labrosse attire l'attention des pouvoirs publics sur un risque peut-être moins visible, mais tout aussi inquiétant, celui de "la santé mentale des chefs d'entreprises".
Depuis le mois de septembre, nous recevons de plus en plus d'appels téléphoniques pour nous demander comment arrêter proprement son activité. Il n'y en avait pas avant !
Stéphane Labrosse, Président de la CAPEB du Rhône et du Grand Lyon
Face à la baisse du chômage, les "compagnons" (les salariés du B.T.P. - NDLR) choisissent leurs employeurs, ils s'attacheront à regarder le niveau de rémunération mais également les critères sociaux et même environnementaux, une nouveauté. Face à ces nouveaux défis, le casse-tête des artisans-employeurs est difficile à résoudre. "La plupart des devis ont été signés, il faut les honorer, on veut garder nos compagnons, mais comment on peut faire si il n'y a pas la ressource ?" ajoute ce représentant des patrons du BTP, lui-même employeur.
Quelles solutions ?
Qui sont ces chefs d'entreprises qui craquent ? Comment les rencontrer ? La réponse du Président de la CAPEB (pour Confédération de l'artisanat des entreprises du bâtiment dans le Rhône) est claire : "Ce sont des battants, ils créent de l'économie avec des clients, des salariés. Ils ne veulent pas baisser les bras". Certains évoquent aussi un risque concurrentiel. Comment avouer une défaillance, alors que le secteur est déjà bien malmené ? Comment réagir et ne pas perdre la face ? Les alertes sur le téléphone du syndicat patronal se multiplient. Alors, des mesures ont été prises.
Un numéro dédié a été mis en place, le 0800 501 201 (anonyme et gratuit). Au bout du fil, un psychologue pour orienter les employeurs en limite de "cassure" et pour prévenir les risques de développement des états de stress post-traumatique.
Le syndicat en profite pour demander des allègements des taxes (une T.V.A. réduite à 5,5% pour les travaux de rénovation, réduction de la taxe sur les carburants, …) et un mécanisme de bouclier tarifaire sur les coûts de l'énergie.
La prévention de la santé mentale des chefs d'entreprises s'impose désormais comme une nécessité, l'accompagnement s'avère incontournable
Stéphane Labrosse, Président de la C.A.P.E.B. du Rhône et du Grand Lyon
La CAPEB. du Rhône et du Grand Lyon rassemble 1800 entreprises qui représentent plus de 7000 salariés.