Mercredi 18 novembre vers 18 heures, quatre jeunes femmes se trouvaient dans une voiture garée à Arbent (Ain). En vidant des aérosols pour les inhaler, elles ont provoqué l'explosion de l'habitacle. Leur état a nécessité un transfert vers des hôpitaux de Lyon et Genève, certaines par hélicoptère.
Mercredi en fin de journée, quatre jeunes femmes âgées de 16 à 25 ans passaient du temps, installées dans une Clio, sur le parking d'une zone commerciale d'Arbent. Leur véhicule étaient stationné à l'arrière des magasins Chaussea et Gifi. C'est justement une salariée de l'une de ces enseignes qui a alerté les pompiers après avoir entendu l'explosion.
"J'ai eu l'impression que les murs du magasin bougeaient, je suis sortie et j'ai vu ces jeunes femmes crier, leur voiture détruite", explique une témoin. Par chance, il n'y a pas eu d'incendie.
A leur arrivée, pompiers et policiers ont découvert un véhicule éventré, au toit arraché, aux portes décollées... à se demander comment les passagères avaient pu survivre à la déflagration. Ces "miraculées" ont été suivies, l'une d'elles souffraient de brûlures au visage, les autres étaient sonnées, choquées. Toutes ont été hospitalisées, transportées par ambulance ou hélicoptère vers Lyon et Genève.
"En pareil cas, ce que l'on redoute c'est l'effet de souffle ou blast", détaille le Capitaine Christophe Denis à la tête du centre de secours oyonnaxien. "Il peut y avoir des lésions internes, des conséquences sur l'organisme et on ne s'en rend pas compte tout de suite, voilà pourquoi cette prise en charge hospitalière a été décidée."
Aux dernières nouvelles, leur état de santé n'inspirerait plus d'inquiétude.
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit
Une enquête sur fond de santé publique
L'enquête a commencé dans la foulée. Les policiers d'Oyonnax ont remarqué que des bombes aérosols traînaient à l'arrière du véhicule, de l'anti-poussière utilisé pour nettoyer les claviers d'ordinateur. Ils ont aussi récupéré des ballons de baudruche sur le bitume. "On n'a pas encore eu le temps de les interroger mais on pense qu'elle sniffaient les gaz contenus dans ces bombes, après les avoir injectés dans des ballons", pense une source policière, "l'une d'elles a dû allumer une cigarette et l'explosion était inévitable." Un témoin pencherait plutôt pour un charbon de chicha en guise d'étincelle.
Inhaler ces gaz aurait un effet hilarant et certaines fois changerait la voix, la rendrait grave, à l'inverse de l'hélium qui la rend aiguë. Un jeu particulièrement dangereux en raison de l'explosion potentielle, comme dans le cas d'Arbent. Mais on risque aussi l'embolie pulmonaire, un adolescent est déjà mort après avoir voulu épater la galerie. Moins connues que les recharges de siphon à chantilly, qui font d'énormes dégâts, cette tendance interroge.
"Si des parents trouvent des aérosols et des ballons dans la chambre de leurs enfants ou dans leurs affaires, il faut s'inquiéter, il faut en parler", insiste le Commandant Bertrand Dufour, chef de la circonscription policière d'Oyonnax.