Des troubles psychiques et une vie conjugale émaillée d'addictions et de violences: un père de 35 ans va comparaître à partir du lundi 12 mars devant les assises du Rhône, à Lyon, pour avoir tué sa compagne, quatre de leurs enfants et son frère. Le verdict est attendu le 16 mars.
5 décembre 2015 : macabre découverte Cité Tony-GarnierLa famille, discrète, était installée depuis quelques mois seulement au rez-de-chaussée d'un immeuble de la rue Arrachart.Le soir du 5 décembre 2015, les pompiers, alertés par les soeurs de l'accusé, sans nouvelles de la famille, sont intervenu au domicile de Yassine Mechta, dans le quartier des Etats-Unis, à Lyon. Dans différentes pièces de l'appartement, les secours ont découvert les corps lardés de coups de couteau de quatre enfants: Layina, 6 ans, Kaïs, 2 ans, Djalil et Djessym, âgés de 5 et 17 mois. Puis dans la chambre du couple, celui de leur mère, Caroline Geoffroy, 32 ans. Les enquêteurs ont découvert le père, prostré.
Une famille décimée : les aveux du père de famille
En garde à vue, l'homme a détaillé les meurtres et a assuré avoir voulu se suicider à plusieurs reprises, sans y parvenir. Il a reconnu aussi avoir frappé sa compagne régulièrement parce qu'il était très jaloux et la soupçonnait de le tromper. Caroline était enceinte de moins d'un mois.
Selon les enquêteurs, les meurtres auraient été commis entre le 28 novembre et le 3 décembre 2015, date à laquelle Djamel Mechta, 49 ans, frère de l'accusé, a été découvert tué à coups de couteau dans sa chambre d'un foyer social à Vénissieux, près de Lyon. En garde à vue, Yassine Mechta a aussi reconnu ce meurtre, expliquant s'être rendu chez son frère pour chercher des médicaments afin de se suicider.
'Altération ou abolition du discernement'
Le fils aîné du couple, alors âgé de 13 ans, a échappé au massacre. L'adolescent était hébergé chez des proches parents au moment du drame. Il a confié aux policiers ne pas être surpris par le meurtre de sa mère. Les parents de Caroline ont assuré pour leur part que leur fille était sous l'emprise de son compagnon, sans emploi, avec qui elle vivait depuis 2002 et dont elle avait peur. Elle avait voulu le quitter maintes fois mais il menaçait de la tuer ainsi que sa famille, selon eux.
L'accusé avait déjà un casier judiciaire. Il avait déjà été condamné en 2006 et 2012 pour des violences sur sa compagne. Après sa sortie de prison en mai 2013, le couple avait repris, peu après, une vie commune entrecoupée d'une hospitalisation en psychiatrie pour lui en août 2014. Les mois précédents le meurtre, Yassine Mechta a reconnu fumer dix joints par jour et boire deux flasques de whisky et dix canettes de bière quotidiennement.
Évoquant une "tonalité paranoïaque", les experts psychiatres s'accordent à dire que l'accusé était atteint d'un "trouble psychique ayant altéré son discernement" au moment des faits. Mais ils réfutent l'abolition du discernement car "il n'a pas agi sous l'empire d'une force ou d'une contrainte à laquelle il n'a pu résister". Ce que conteste, en défense, Me Marina Stefania qui entend plaider le "délire" d'un homme "schizophrène".
Le procès doit débuter le lundi 12 mars devant les assises du Rhône à Lyon. Le verdict de la cour est attendu le vendredi 16 mars.