Ce mercredi 24 avril, à Lyon, un cortège formé d'anonymes et d'officiels s'est rendu, comme chaque année, place Antonin Poncet, pour rappeler le martyre vécu par le peuple arménien, il y a 109 ans. Pour la communauté arménienne, cette date est synonyme de rassemblement et de recueillement.
Comme chaque année, ils sont des centaines, presque mille, à s'être rassemblés place Antonin Poncet, à Lyon. Français d'origine arménienne, ils portent fièrement les couleurs du pays de leurs ancêtres. Au son mélancolique de flûtes et tambours traditionnels, plusieurs membres du cortège ont ensuite déposé des gerbes de fleurs au pied du monument consacré à la mémoire des Arméniens. Des personnalités politiques, dont le maire de Lyon, ont pris la parole.
Un rassemblement fondamental pour la communauté Arménienne
Comme tant d'autres dans le cortège, Christèle est française d’origine arménienne, et comme tant d'autres, elle tient chaque 24 avril à honorer la mémoire de ses ancêtres. Elle se glisse dans le cortège et commémore le génocide. Un œillet à la main, la quadragénaire explique ce que ce rassemblement représente pour elle. "Cela me rappelle tout ce que mes grands-parents m’ont appris. C’est important de transmettre pour ne pas oublier cette histoire, cela fait déjà 109 ans."
Près des stèles de béton blanc, érigées en 2006, Vahan, la petite trentaine, est là lui aussi, malgré la pluie. Quelle que soit la météo, il tient chaque année à respecter ce "rendez-vous"mémoriel. " Je viens tous les ans depuis que je suis tout petit. C’est vraiment une tradition de commémorer nos ancêtres. Ce sont des histoires familiales, tous ces gens qui sont réunis ici, c’est le minimum que l’on peut faire venir leur rendre hommage."
Une blessure toujours présente
Georges Képénékian, souligne l'importance du rassemblement pour les descendants des Arméniens exilés ou victimes du génocide. "Ce rassemblement, ce n’est pas pour être morbide mais parce qu’on a du mal à imaginer que tous les peuples qui ont subi des génocides vivent la même chose."
Le génocide, c'est une cassure dans le fil de notre histoire. Ces cassures ont besoin d’énormément de temps pour se réparer.
Georges Képénékian
Pour lui, il ne s’agit pas de simplement tourner une page après109 ans."Ce souvenir se transmet de génération en génération sans qu’on le sache. Se souvenir, c’est rappeler que ça a existé car il y a toujours des gens qui le nient. On a l’impression que l’on demande un peu plus à l’Arménie en termes de paix qu’à ceux qui l'ont agressé. La paix, ça doit être quelque chose d’équitable et de respectable, ça ne peut pas se décider tout seul."
Grégory Doucet, le maire de Lyon a également pris la parole à la tribune pour souligner l'importance des réfugiés Arméniens dans l'histoire de France, avec notamment l'entrée au Panthéon des résistants Missak et Mélinée Manouchian.
Certains états n'ont toujours pas reconnu le génocide arménien. L'Uruguay fut la première à le faire en 1965, la France l'a reconnu en 2001.