Cancer du sein : la start-up lyonnaise Healshape développe la régénération mammaire à partir des cellules de la patiente

Une start-up lyonnaise relève actuellement un défi passionnant : développer des solutions de régénération mammaire pour les femmes ayant subi une mastectomie suite à un cancer du sein. Son ambition : reconstruire le volume du sein et le mamelon à partir des cellules de la patiente.

Sophie Brac de la Perrière est le parfait exemple d’une reconversion réussie. Après avoir étudié à HEC, elle part plusieurs mois voyager à travers le monde et s’implique dans des ONG. A son retour, elle intègre Sanofi puis Sanofi Pasteur. 16 ans plus tard, elle décide de réaliser son rêve : elle crée, avec six associés une start-up à Villeurbanne, sur le campus de la Doua.

Le projet qu'ils poursuivent est inédit : trouver le moyen de reconstruire un sein, en reconstruisant un tissu à partir des cellules d'une patiente. "On va régénérer vraiment les tissus. Aujourd'hui, dans le domaine de la reconstruction du sein, ce qui existe, c'est soit des prothèses mammaires synthétiques (silicone ou liquide physiologique), soit de la chirurgie. Dans cette dernière option, on transfère de la graisse (le lipofilling), soit des tissus, récupérés ailleurs sur le corps (le lambeau). Le lambeau va utiliser du muscle, de la peau et de la graisse prélevés sur le dos, l'abdomen, la cuisse... Il s'agit de chirurgies plus ou moins lourdes. Cela pose notamment des problèmes de séquelles. Et concernant le lipofilling, on sait que la graisse se résorbe. 30 à 40% disparait à chaque injection, ce qui signifie plusieurs interventions." résume Sophie.

"Healshape" est née d'une rencontre entre Sophie et ses cinq partenaires : "Deux d'entre eux sont experts dans l'ingénierie tissulaire, un spécialiste de l'impression 3D, une pharmacienne, un chirurgien, et docteur en biotechnologie." décrit-elle. "Un premier brevet existait déjà dans le domaine de la bio-impression. Moi j'avais envie d'une aventure dans l'entreprenariat donc j'ai quitté Sanofi pour monter ma boite. On s'est vite entendus sur le projet".

Pour être complet, il faut préciser que Healshape n'est pas le seul labo à travailler sur le sujet." Notre originalité vient du fait que l'on propose de régénérer des tissus de façon naturelle. Notre produit est composé de bio polymères d'origine naturelle, donc on n'y trouve pas de matière synthétique. On a un matériau très proche du tissu humain, qui va favoriser la régénération des tissus d'origine naturelle. Tout en étant aussi capable de se résorber lui-même naturellement."

Mais s'agit-il, pour résumer, d'implanter ce tissu et de faire "repousser un sein"? En fait, la start up a développé un hydrogel qui a cette vertu de régénération "Déjà, on sait l'imprimer en 3D. On peut lui donner une forme pérenne. C'est à la fois proche du tissu humain et autoportant. Il s’agit d’une sorte de matrice poreuse que l’on va implanter chez la femme. Elle se comportera d’une manière aussi naturelle qu’une prothèse mammaire. On fera ensuite un seul lipofilling (remplissage). La matrice va alors guider les cellules et refabriquer du tissu mammaire. Ensuite, la bioprothèse va se résorber de façon naturelle grâce aux enzymes développés par les celllules qui se régénèrent. Si vous préférez, elles vont en quelque sorte... grignoter la matrice.

"On peut imaginer plein de choses "

Sophie Brac de la Perrière

Cette technique prometteuse n'est pas encore prête à être utilisée sur une patiente. "On en est encore au stade pré-clinique. On fait tous les tests nécessaires, et on devrait atteindre la clinique dans deux ans" explique Sophie Brac de la Perrière. On peut donc imaginer des essais sur des femmes à cette échéance. Une solution qui pourrait être idéale, par exemple, pour les femmes trop minces pour supporter le lipofeeling. Rien n'empêchera, à plus long terme, d'imaginer d'utiliser ce procédé pour traiter des réparations au sens large... "On peut imaginer plein de choses " sourit la cofondatrice "mais je pense qu'il faut d'abord rester concentrer sur notre projet concernant les seins. Mais clairement, l'idée, c'est que, plus tard, on puisse imaginer pleins de choses..."

Chaque année, 2 millions de femmes dans le monde sont touchées par le cancer du sein. 40 % d’entre elles subissent une mastectomie, opération curative la plus couramment pratiquée. À l’issue de cette intervention, seules 14 % des femmes dans le monde – et 20 % en France – choisissent une reconstruction mammaire. Plusieurs raisons expliquent ces chiffres : appréhension vis-à-vis des implants mammaires, peur des complications médicales et de la douleur ou encore résultats esthétiques insatisfaisants. La Start-up créée par Sophie, dont le laboratoire est basée à la Doua, à Villeurbanne, a recruté plusieurs salariés. "L'équipe est en train de grossir" se réjouit cette entrepreneuse, qui voit son rêve se réaliser, tout en apportant, peut-être bientôt, une solution nouvelle et naturelle à de nombreuses patientes. 

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