Cherche sage-femme de nuit à 13€ de l'heure : l'annonce "alléchante" qui met la profession en rage

Une annonce pour un poste de sage-femme, à un tarif jugé particulièrement bas, a singulièrement irrité le principal syndicat de la profession. Ce dernier dénonce un niveau de rémunération inacceptable alors que les études de sage-femme durent cinq ans. Explications.

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Une annonce pour un poste de nuit de sage-femme à 13 euros bruts de l’heure. Les professionnelles qui ont aperçu cette proposition “alléchante”, selon l’annonce sur les sites spécialisés, n’en revenaient pas. Bouche bée ou presque, elles ont réagi au travers du principal syndicat, l’ONSSF. Celui-ci a vivement critiqué une rémunération très en deçà des tarifs pratiqués. “C’est absolument scandaleux, s’est écriée Carole Leprunier, qui a fait part de son incompréhension sur les réseaux sociaux. Après cinq années d’études, c’est inimaginable !

Même si les sages-femmes comptent parmi les métiers médicaux les moins bien payés, "13 euros, c’est carrément indécent", s'indigne le syndicat majoritaire de la profession. Une autre annonce fait état d’un poste en intérim à peine mieux rétribué à 15 euros de l’heure sur Dunkerque.

Une erreur de frappe ?

Ces deux annonces sont parues sur les sites de l’agence d’intérim JBM Médical, basée à Lyon, une filiale du groupe Randstad spécialisée dans les activités paramédicales. Contactée, elle a répondu par la voix de son directeur des opérations dans le quart Sud-Est. “Il y a eu une erreur de frappe dans l’annonce. Le tarif n’était pas de 13, mais de 19 euros, explique Gilles Nicolaï. Il a été modifié, mais notre client nous a fait savoir qu’ils avaient trouvé un candidat au prix affiché initialement.”  Dont acte.

Car, nous explique-t-on, c’est le client qui fixe le tarif horaire, pas l’agence d’intérim. Et, si tel n’est pas le cas, l’agence dit se baser sur les tarifs pratiqués dans les conventions collectives, en prenant en considération les prix horaires des professionnels en début de carrière.

Dans les grilles de salaire de la fonction hospitalière, les premiers mois au premier grade sont rémunérés 2231 euros bruts et atteignent 2934 euros bruts mensuels au bout de la troisième année. Après une vingtaine d’années, la rémunération est en moyenne de 4000 euros bruts. C’est un peu plus que dans le secteur privé, a constaté le syndicat.

De moins en moins de professionnels dans les salles de travail

Alors que le métier est particulièrement en tension, le salaire de 19 euros n’est pas du tout attractif aux yeux d’Elisa Etienne, membre du ONSSF pour la partie hospitalière. “C’est très surprenant alors que l’on enregistre deux fois moins d’étudiants depuis la crise sanitaire, fait-elle remarquer. Nous avons de moins en moins de stagiaires. Et, malgré les fermetures des maternités de moins de 1000 accouchements par an, qui se reportent sur des établissements plus importants, il n’y a pas davantage de professionnels dans les services. Dans ce cas, comment peut-on proposer de tels tarifs ?”, s'étonne encore cette sage-femme dans le métier depuis 18 ans.

Cette question interroge aussi Gilles Nicolaï, qui dirige également l’agence d’intérim Appelmédical. “Nous avons demandé à nos agences de faire attention au fait que les prix soient en adéquation avec la réalité du marché. Personne, en effet, ne répond à une annonce basée sur un prix d’entrée trop bas. C'est une perte de temps aussi pour notre client”, reconnaît-il.

Tout en militant pour une revalorisation de leurs revenus (actuellement une nuit de garde est valorisée 1 euro par tranche de 21 heures - 6 heures), la profession la moins bien rémunérée du secteur médical espère que le passage à six années d’études prochainement (pour devenir docteur en maïeutique) changera la donne. Et, que ce cap permettra de revendiquer un statut de praticien hospitalier analogue aux autres. Avec le revenu qui va avec ou presque.

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