A Lyon, dans le 3e arrondissement, la dernière trémie de la rue Garibaldi va bientôt disparaître du paysage. Elle sera démolie, puis comblée, dans le cadre du projet de réaménagement de cet axe de circulation.
15 000 véhicules empruntaient chaque jour la dernière trémie de la rue Garibaldi reliant le 3e au 7e arrondissement. Ils seront bientôt remplacés par 15 000 m3 de remblais. Déjà aplanie en 2012 et en 2016 pour en faire une grande ligne droite, la rue Garibaldi s’apprête à perdre sa troisième trémie.
Comblement de la trémie
Cette opération en milieu urbain est beaucoup plus technique qu’il n’y paraît. La trémie sera comblée afin de mettre à niveau la chaussée. Il faut dans un premier temps grignoter le béton de l'ouvrage, puis remplir le trou géant avec des matériaux de remblais. Ceux-ci sont issus d'un chantier voisin. Cette phase de comblement de la trémie devrait durer quatre à cinq mois. Le chantier s'étale sur plus de 600 mètres. La trémie passe juste au-dessus de la ligne de métro D. La construction d'une dalle destinée à supporter le poids des remblais s'impose aussi. Cette phase des travaux de la rue Garibaldi va durer au total près de six mois.
Les voies de circulation qui se situent en surface vont être réaménagées. Au terme, un boulevard végétalisé devrait voir le jour. Ce chantier de terrassement est d'autant plus compliqué qu'il s'agissait de maintenir les activités du quartier.
Nuisances
À peine commencé, ce chantier perturbe déjà la vie du quartier. Il vient s'ajouter à celui encore en cours du futur bus à haut niveau de service. Bouchons, nuisances sonores, difficultés pour circuler... la galère est permanente pour les commerçants et les habitants.
"C'est très compliqué pour faire circuler les élèves. Le soir, pour faire sortir les élèves de Garibaldi, on en a pour 45 minutes. C'est compliqué, surtout aux heures de pointe", explique Sarah Boughanmi, monitrice dans une auto-école du quartier. L'enseigne donne sur le chantier. Difficile pour les moniteurs comme pour les élèves qui viennent prendre des leçons de conduite. Outre les bouchons causés par le chantier, la circulation engorgée, la professionnelle pointe aussi le manque de places de stationnement. "C'est compliqué de se garer, la route est barrée une fois sur deux, on doit faire le tour plus loin, mais il y a des sens interdits", ajoute-t-elle. "On est obligé de donner rendez-vous aux élèves un peu plus loin, c'est embêtant pour eux et pour nous", déplore Sarah Boughanmi.
Pour Astrid Tronel, une habitante du quartier, les nuisances commencent dès potron-minet. Une véritable gêne au quotidien. De sa fenêtre, elle a une vue plongeante sur la trémie en contrebas. Elle est réveillée tous les matins, à 6h30 par les engins de chantier, pelleteuses et autre marteau-piqueur. Cette habitante se plaint du bruit mais aussi de coupures d’électricité inopinées et surtout d’un manque d’information sur les éventuels dommages que ces travaux pourraient causer à son immeuble. La rue Garibaldi est bordée d'immeubles anciens.
"Les secours ne peuvent absolument pas passer. Il n'y a plus aucun stationnement. Le chantier utilise parfois des places qui devraient nous être réservées (...) La façade n'a pas été vérifiée avant les travaux. Elle va potentiellement être touchée. On est juste au-dessus de la trémie, il va forcément y avoir un impact sur le sol", assure-t-elle.
"Pas d'inquiétude"
Pour la Métropole de Lyon, il n’y a aucune crainte à avoir pour les immeubles de la rue. "Combler une trémie, c'est une tâche assez simple. On met des remblais. Donc il n'y a pas de risques pour les immeubles autour. Beaucoup de spécialistes, bureaux d'études qui nous entourent pour que tout ça soit fait dans les règles de l'art. Pas d'inquiétude," assure le président écologiste de la métropole de Lyon, Bruno Bernard.
Face aux critiques concernant les nuisances, le jeu en vaut la chandelle, d'après l'élu. "Les travaux sont toujours source de nuisance (...) mais sur les tranches qui ont été faites, les riverains, les habitants du quartier et tous les promeneurs sont énormément satisfaits. Ça transforme complètement cette rue Garibaldi", explique Bruno Bernard. "Il faudra être patient mais le cadre de vie va vraiment être fortement amélioré"', assure le président de la Métropole de Lyon.
Pour Bruno Bernard, ces travaux sont aussi le signe de "la continuité de l'action publique". "On avait traité Garibaldi au nord, on continue au sud, avec la volonté de végétaliser et de rééquilibrer les mobilités. Il y aura deux voies pour les voitures, deux voies lyonnaises, des voies pour les bus et deux larges trottoirs de part et d'autre ", assure ce dernier.
La rue Garibaldi a été conçue dans les années 1960 comme une "autoroute urbaine" pour faciliter le trafic automobile en centre-ville. Elle traverse les 6e, 3e et 7e arrondissements de Lyon, faisant la liaison entre le parc de la Tête d’Or, au nord, et le parc Sergent Blandan, au sud. Le réaménagement total de cette portion de la rue Garibaldi en deux voies de circulation, couloir bus et pistes cyclables végétalisées devrait durer deux ans.