Congélation des ovocytes "pour plus tard" : les demandes en hausse à Lyon par choix personnel et non sur indication médicale

Depuis un an, toutes les femmes peuvent congeler leurs ovocytes entre 29 et 37 ans, en attendant un futur projet de grossesse. Les hommes peuvent également congeler leur sperme. Les demandes de prélèvement sont de plus en plus nombreuses

Société
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Dans le service de médecine de la reproduction de l'Hôpital Femme Mère Enfant de Bron (Metropole de Lyon), on appelle ça : une ponction. Sous anesthésie locale, Stéphanie assiste au prélèvement d’ovocytes dans son ovaire.
L' intervention dure une dizaine de minutes seulement et est sans douleur. C'est la loi bioéthique du 3 août 2021 qui permet ce geste : l'autoconservation des gamètes (ovocyte pour les femmes, sperme pour les hommes)

Dix fois plus de conservations ovocytaires

Les femmes peuvent désormais conserver leurs ovocytes «pour plus tard». Le nombre de consultations pour l'autoconservation des ovocytes dite sociétale (sans indication médicale) a fortement augmenté explique le Docteur Pauline Jaeger, biologiste médicale HFME - HCL.
 250 ponctions ont été effectuées depuis janvier 2022. Auparavant, seulement une à deux conservations ovocytaires par semaine étaient réalisées, aujourd'hui la moyenne est de 12.

Le prélèvement effectué est immédiatement traité dans le laboratoire de l’Hôpital. Plusieurs étapes vont alors se succéder, avec un souci permanent de traçabilité.
On doit d'abord repérer les ovocytes, puis il faut les isoler et vérifier leur maturité. Car seuls les ovocytes viables seront conservés. Deux par deux dans des paillettes… Il se passe moins d'une heure entre le prélèvement et la vitrification (congélation ultrarapide). Depuis janvier, le laboratoire a traité plus de 250 prélèvements d’ovocytes. 
En amont, une évaluation gynécologique complète est nécessaire pour définir le cadre de la ponction et le traitement à suivre en amont pour la stimulation ovarienne.

Une procédure longue

L'autoconservation des ovocytes, en France, est entièrement prise en charge par la sécurité sociale mais le coût de conservation des gamètes est à la charge de la patiente.

Plusieurs ponctions sont nécessaires pour obtenir suffisamment d’ovocytes, avec à chaque fois une stimulation ovarienne et une anesthésie locale. Lors d'une ponction, une dizaine d'ovocytes est prélevée.

Pour une femme entre 30 et 34 ans, on va conserver 30 et 35 ovocytes murs pour qu'elle ait au moins 90% de chance d'avoir une naissance vivante. Entre 35 et 37 ans, ce chiffre monte à 40 ovocytes.
Les gamètes doivent être utilisés avant les 43 ans de la femme.

Deux populations différentes

L'augmentation du nombre de procédure de conservation d’ovocytes fait de cette dernière un véritable phénomène de société. 
"Il y a deux types de populations : une population jeune entre 29 et 30 ans qui souhaite privilégier sa carrière et qui n'ont pas de projets parentaux et une seconde population entre 34 et 37 ans qui n'a pas encore trouvé l'âme sœur et fait cela pour contrainte. La psychologie de ces deux populations est complètement différentes", explique le  professeur Bruno Salle, chef de service médecine reproduction HFME - HCL.

Le professeur est convaincu de l'intérêt de la préservation. Il s'appuie sur une étude récente selon laquelle 30% de femmes entre 29 et 49 ans disent ne pas vouloir d'enfants. "On peut changer d'avis et les chances d'avoir une grossesse spontanée diminuent avec l'âge et les techniques médicales ont de moins en moins de chance d'aboutir au fur et à mesure que l'âge avance".

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Depuis la loi bioéthique du 3 août, l'autoconservation des gamètes sans raison médicale est autorisée en France. ©France Télévisions

La loi de bioéthique d'août 2021 a autorisé : 
- la PMA pour toutes, (notamment pour les couples de femmes et les femmes seules),
- la levée de l'anonymat pour les donneurs de gamètes
- la préservation de la fertilité par l'autoconservation des gamètes (entre 29 à 37 ans pour les femmes et entre 29 et 45 ans pour les hommes)

Selon l'agence de la biomédecine, sur les 5 000 demandes, la moitié des femmes est déjà en phase active. Si cette tendance se confirme, les temps d'attente pour obtenir un rendez-vous risquent de s'allonger. En Ile-de-France, il est déjà de 13 mois.

Les gamètes non utilisés peuvent faire l'objet d'un don.

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