Coronavirus Covid 19 -Lyon : assistance aux SDF face à la crise sanitaire, le travail des associations se complique

Depuis le 17 mars le confinement des populations est devenu la règle pour tous. Les personnes sans abri sont-elles les grands oubliées de la mesure ? Se nourrir et se protéger de la contamination au coronavirus : les associations font face à de nouveaux défis. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Depuis la mise en place des mesures de confinement mardi 17 mars, à midi, les associations sont confrontées à la difficulté de poursuivre certaines de leurs missions et activités, notamment les accueils de jour et les distributions alimentaires à destination des SDF.
 

Des accueils de jour fermés ...


Du côté de l'Armée du Salut et de son centre d'hébergement de l'avenue Thiers qui accueille près de 300 personnes en grande précarité et en réinsertion, l'accueil de jour a fermé. Les pensionnaires récupèrent des paniers repas et déjeunent dans leurs chambres. Des attestations sont à disposition pour les sorties aussi. 

Problème pour ces personnes qui vivent dans la rue. Elles n’ont pas accès à des points d’eau et ne peuvent appliquer les gestes sanitaires barrières préconisés. Ces centres d’accueil sont les rares endroits où elles peuvent s’informer, prendre un repas mais aussi se laver et laver leurs affaires. 

Au Foyer Notre Dame des Sans Abri, deux des quatres accueils de jour ont été fermés à Lyon: l'accueil Saint-Vincent (rue Bélièvre dans le quartier Saint-Jean) et la Rencontre, à la Croix-Rousse. "Un vrai crêve-coeur," pour Marion Veziant-Rolland, directrice du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri. Des fermetures pour pouvoir se concentrer sur l'essentiel. Ainsi, les activités et ateliers d'insertion ont également été stoppés. 

.... mais priorité au maintien de l'hébergement 

Cette association héberge 1500 personnes sur une vingtaine de sites avec des types d'hébergements sont très variés . "On a réduit les activités pour ne conserver que les activités d'hébergement et les fonctions vitales pour les personnes, comme l'alimentation" explique la directrice. Pas question de priver ces populations fragiles d'un hébergement mais certains ont du mal à "comprendre les mesures barrières", "pour d'autres, la distance d'un mètre n'a pas de sens"."Enfin pour certains, le confinement même est vécu comme une souffrance," confie la directrice. "On passe beaucoup de temps à faire de la pédagogie."

 

A Lyon, dans le 8e arrondissement, la Maison de Rodolphe héberge des sans-abri et leur chien. C'est l'un des centres du Foyer Notre Dame des Sans Abri. L'établissement propose également des repas. Les pensionnaires sont toujours hébergés dans leur chambre, nous a-t-on expliqué. Le centre d'accueil de jour n'est pas fermé, contrairement à ce que nous avions indiqué un peu plus tôt dans la journée mais certains services ont été supprimés. 

En fait cette crise sanitaire a pris tout le monde de court et notamment toute la chaîne d'aide aux plus démunis, à commencer par la Banque Alimentaire. 
 

Des bénévoles seniors qui doivent renoncer 

 

Les mesures de confinement qui concernent l'ensemble de la population et s'appliquent aussi au personnel et bénévoles de ces associations, risquent donc aujourd'hui de fragiliser davantage ces populations précaires. Par exemple, le Foyer Notre Dame des Sans-Abri fonctionne avec de nombreux bénévoles, ils sont d'ordinaire près de 1200, dont de nombreux seniors, souvent âgés de plus de 70 ans et parfois fragiles. Ces derniers depuis l'annonce des mesures de confinement ont été contraints de renoncer à leurs missions par précaution. La directrice se veut cependant rassurante : "on a reçu beaucoup d'offres de bénévolat de la part de personnes plus jeunes." Marion Veziant-Rolland précise : "le personnel est extrêmement motivé et ceux qui restent sont très impliqués". Mais devant cette crise sanitaire qui s'annonce longue, elle prévient : "On commence une course de fond !"
 

Une maraude maintenue ce mercredi soir à Lyon


Depuis huit ans, l'association "Donner la main - Don de Soi", crée par Jean-Marc Roffat, oeuvre pour les personnes à la rue en effectuant notamment des maraudes. Ce mercredi soir, comme chaque mercredi, des bénévoles de l'association vont effectuer une tournée dans le centre-ville de Lyon pour distribuer des vivres, des produits d'hygiène et du gel hydroalcoolique. "Nous fonctionnerons en binôme, avec une dizaine de bénévoles fidèles," a expliqué Jean-Marc Roffat. Le président de cette association a expliqué qu'il s'agissait non seulement de distribuer "à boire et à manger" mais aussi "de porter assistance à ces personnes qui sont abandonnées". Il s'agit d'une présence auprès de ces populations en grande précarité et "de donner l'alerte si une de ces personnes est malade". 

Le président de l'association a appelé les bénévoles à se retrouver ce mercredi soir, place Antonin Poncet, entre 19h et 19h20 "comme d'habitude", tout en recommandant de prendre les mesures de protection sanitaire de base. 

Jean-Marc Roffat a précisé avoir obetenu le feu vert de la préfecture pour effectuer cette maraude ce soir. comme il l'explique dans sa vidéo publiée sur les réseaux sociaux (video ci-dessous). "Nous ne risquons ainsi pas d'être verbalisés," a-t-il précisé au téléphone. En fait, les déplacements pour l’assistance aux personnes vulnérables sont autorisés pour les bénévoles (et salariés d'associations caritatives) qui peuvent se rendre dans des centres ou participer à des maraudes.

A-t-il l'intention de renforcer les maraudes en raison de cette crise sanitaire? "Un renforcement est prévu mais on vit au jour le jour pour l'instant," résume-t-il, "nous ferons en fonctions des directives." Il rappelle au passage que le manque de masques se fait cruellement sentir pour les associations.
 

 "Pas de plan blanc pour les SDF" (JM.Roffat)


Aujourd'hui, le président bénévole de l'association lyonnaise pousse à nouveau un coup de gueule : "en novembre, avec un collectif nous avions réclamé, devant la clinique du Tonkin, une réquisition pour les sans abris, un lieu pour les accueillir mais rien n'a été fait," s'insurge-t-il, "si les élus avaient répondu, on aurait eu un lieu adapté pour les SDF à Lyon." En bref, aujourd'hui un lieu pour faire face à cette urgence sanitaire notamment. Mais "il n'y a pas de plan blanc pour les SDF," souligne-t-il avec amertume.

>> Retour sur la demande de réquisition de bâtiments comme la clinique du Tonkin...ou celle du Grand Large.

Aujourd'hui, la situation est d'autant plus difficile pour ces personnes que des accueils de jour ont fermé, "difficile aussi de voir passer devant eux des gens avec des cabas pleins sans rien leur donner!"
Jean-Marc Roffat aujourd'hui déplore cette inaction et pense aussi à alerter les "générations futures": "il faut donner l'exemple, être citoyen et se mobiliser pour ne pas laisser les gens crever dans la rue !"

Bientôt un centre d'isolement sanitaire à Paris 

 

Un premier centre d'isolement sanitaire dédié aux sans-abri atteints du coronavirus ouvrira vendredi 20 mars à Paris, a annoncé ce mercredi 18 mars le ministère du Logement. "Les deux premiers centres dits de +desserrement+ ouvriront à Paris dans les prochains jours, pour un total de 150 places, dont le premier d'ici vendredi", a déclaré le ministère dans un communiqué. Ces centres sont à destination des SDF contaminés par le coronavirus mais dont l'état ne nécessite pas une hospitalisation. Le dispositif sera progressivement déployé sur tout le territoire. 

La semaine dernier, le gouvernement avait  annoncé le report de la fin de la trêve hivernale du 31 mars au 31 mai. Parallèlement, les places temporaires qui sont ouvertes dans les centres d'hébergement pour les personnes sans-abri et qui devaient progressivement fermer à compter du 31 mars, resteront ouvertes jusqu'au 31 mai. "Les structures d'hébergement doivent rester ouvertes afin de pouvoir continuer à héberger les personnes en situation de détresse", a souligné le ministère du Logement.

A Lyon : le Parti Communiste interpelle le préfet
Mardi 18 mars, le  PCF à Lyon a adressé une lettre ouverte au préfet du Rhône Pascal Maihlos au sujet des "plus fragiles des habitants" de la ville et de la Métropole. "Des dizaines de personnes, de familles avec enfants vivent dans nos rues comme le dénoncent depuis des mois des associations comme Jamais sans toit. Si cette situation était déjà intolérable en soi, elle devient extrêmement dangereuse aujourd’hui." Le texte s'interroge sur les mesures enclenchées par les services préfectoraux "pour répondre à cette urgence sociale et sanitaire."  et sur l'aide apportée aux associations caritatives qui portent assistance à ces populationsLa lettre ouverte se demande aussi si Pascal Mailhos compte "réquisitionner les logements privés vides et les bâtiments publics vacants pour mettre enfants et familles à l’abri".
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information