Les virus circulent toujours malgré les beaux jours. En Auvergne Rhône-Alpes, les cas de Covid sont repartis à la hausse et la grippe saisonnière est encore présente. Les gestes barrières restent la meilleure manière d'éviter la diffusion de ces virus selon le professeur Bruno Lina.
Concernant le nombre de tests positifs au Covid, le chiffre est à la hausse depuis le 7 mars 2022. Entre le 7 et le 20 mars, le taux d'incidence en Auvergne Rhône-Alpes est passé de 370 cas pour 100 000 habitants à 669 cas. Rien de comparable cependant avec le taux de janvier dernier qui dépassait les 4000 cas pour 100 000 habitants.
Aujourd'hui, la courbe remonte lentement mais faut-il s'inquiéter ? Faut-il parler de sixième vague Covid ?
"On est dans la continuité de la 5e vague," explique derrière son masque le professeur Bruno Lina, professeur de virologie aux Hospices Civils de Lyon et membre du conseil scientifique. "Les vagues correspondent à l'apparition d'un nouveau variant à chaque fois. Et on est toujours dans la vague du variant Omicron avec un sous-variant qui s'appelle BA2", ajoute le virologue lyonnais. "Ce virus a un avantage, par rapport à celui qui a été responsable de la vague Omicron : il est plus transmissible. Il ne donne pas plus de symptômes, pas plus de formes graves mais il est plus transmissible."
Alors qu'on était en train de contrôler l'épidémie, le relâchement des mesures barrières et l'ensemble des signaux donnés, font que finalement le virus se retrouve dans des conditions de transmission très facilitées.
Professeur Bruno Lina
Le nouveau sous-variant est très transmissible. Malgré tout, les hospitalisations ne repartent pas à la hausse. Le chiffre des hospitalisations s'élevait le 23 mars à 2105, contre 3082 un mois auparavant et 4093 début février. Quant au nombre de réanimations, il est passé de 3985 le 12 janvier dernier à 1564, ce 23 mars.
Même décrue du côté des chiffres de la réanimation depuis le début de l'année. Presque divisés par deux entre début février et fin mars.
Le taux d'hospitalisation et le taux d'hospitalisation en réanimation sont les deux indicateurs permettant de juger de la sévérité d'une vague. A ce jour, ils ne bougent pas, indique le professeur Lina.
"Une population fortement immunisée"
Les formes graves ne sont pas plus importantes, comment expliquer ce phénomène ? "Il y a des choses qui sont intrinsèques au virus, il est moins agressif que ne l'étaient ses prédécesseurs", assure Bruno Lina. "La deuxième chose, très certainement la plus importante : ce virus arrive dans une population très fortement immunisée". ajoute le virologue. "La campagne de vaccination a malgré tout été un succès, car elle a permis de vacciner 90% des vaccinables - si on fait abstraction des jeunes enfants. Cette vaccination protège contre le risque de faire des formes graves. Elle protège moins bien contre le risque d'être infecté."
"Les seuls qui sont hospitalisés et qui vont en réanimation sont ceux qui ne sont ni vaccinés, ni qui ont été infectés préalablement", résume le professeur Lina.
Et la grippe saisonnière?
La semaine dernière, la région est passée en phase épidémique de grippe. La maladie n'a pas reculé malgré l'arrivée des beaux jours. "La dynamique de la circulation des virus a été complètement chamboulée avec cette épidémie de coronavirus", explique le professeur Lina. "La grippe normalement circule en hiver. Là, on est au printemps, on a le début d'une épidémie. Elle ne sera probablement pas de longue durée. Mais elle va avoir un impact, surtout que les formes cliniques de la grippe peuvent être plus sévères que ce qu'on observe avec le coronavirus", précise le virologue. La méfiance s'impose selon lui.
Faut-il en finir avec les gestes barrières ?
Le professeur Bruno Lina répond par la négative. "Les gestes barrières ne sont pas finis car on a la fin de l'épidémie de coronavirus qui touche beaucoup plus de monde que la grippe. On se protège contre les deux virus de la même façon, on a tous fait l'apprentissage de ces gestes. Ça freine la diffusion de l'ensemble des virus. Hygiène des mains, aération, tout ceci doit devenir un réflexe même si ça n'est plus obligatoire... " Le professeur recommande le port du masque lorsque l'on se trouve dans un espace clos, en présence de beaucoup de monde. Il faut "avoir le réflexe de porter le masque en ce moment où le virus circule beaucoup reste une très bonne idée", conclut le professeur Lina.