"5000 km en vélo contre l'AVC", c'est le défi que s'est lancé Bruno Boulard en 30 jours. A chaque étape, Il rencontre des jeunes, victimes d'un AVC. En passant par notre région le 22 avril, il a rendez-vous avec Jessica, qui a vécu un accident vasculaire cérébral en 2017. Ce qui a changé sa vie.
A l’âge de 31 ans en janvier 2017, Jessica était manager. Une journée presque comme les autres pour cette directrice d’agence en assurances. « J’étais en réunion de travail avec d’autres directeurs, et je m’apprêtais à intervenir mais, vers 17h, j’ai brutalement ressenti un gros mal de tête très ciblé. La foudre qui me tombait dessus, à l’arrière droit du crâne. » Malgré une vraie douleur, elle ne s’inquiète pas davantage et poursuit son projet de faire une présentation à ses collègues. Elle s’aperçoit à ce moment-là qu’elle n’arrive absolument pas à tenir la conversation. « Je ne savais plus ce que je voulais dire. Mes collègues me regardaient bizarrement car j’étais incompréhensible. Et je perdais progressivement le champ visuel gauche. » se souvient-elle.
Elle pense à une crise d'hypoglycémie
« Dans Accident Vasculaire Cérébral (avc), il y a accident » souligne Jessica. Le souvenir de cette journée est bien comme tel. « J’ai des gros trous de mémoire sur ce qui s’est passé, ensuite, à l’hôpital, lorsque que mon mari est arrivé » avoue-t-elle. Tout juste se souvient-elle, ce jour-là, avoir attrapé deux bonbons pour tenter de calmer... ce qu’elle a pris pour de l’hypoglycémie. « Ce qu’il ne faut jamais faire, dans ces cas-là. Quand on fait un AVC, on peut avoir des problèmes pour déglutir et donc s’étouffer» précise Jessica. A cette époque, elle était loin de réaliser la gravité de son état. Heureusement, les bons réflexes d’un de ses confrères lui ont permis de se retrouver à l’hôpital. C'est le début d'une autre vie.
Un diagnostic eronné à l'hôpital
Sur place, elle se retrouve aux urgences, et non dans le service neuro-vasculaire dont elle aurait alors urgemment besoin, vus ses symptômes. « J’ai dû patienter sur un brancard, dans un couloir, en pleine épidémie de grippe. Les personnels étaient débordés. J’ai pu enfin passer un scanner seulement vers 4 heures du matin. Les soignants, qui pensaient à une migraine ophtalmique, ont mal interprété le scanner. Le diagnostic était faux.» Elle sourit, aujourd'hui, de cette mauvaise loi des séries. « J’ai passé finalement une IRM 53 heures après mon AVC. Cela aurait pu m’être complètement fatal. J’avais sans doute une bonne étoile ce jour-là, puisque je suis là, aujourd’hui, pour vous parler. » Surtout que la série ne s'arrête pas là : « Après une semaine d’hospitalisation, je suis rentrée chez moi et, quelques jours plus tard, j’ai fait un second AVC.»
Un AVC toutes les quatre minutes en France
Le cas de Jessica, aussi terrible soit-il, ne s’explique pas aujourd’hui. Il n’y avait aucun « terrain favorable » connu dans son histoire personnelle. « Ni obésité, ni sédentarité, ni consommation d’alcool particulière. Je ne fume pas. Pas de cas similaire dans ma famille. Tout a été ratissé ! » Tout juste sait-elle que son accident n’avait pas une forme classique, mais correspondait plutôt à une dissection carotidienne « Je ne sais pas pourquoi, et je ne le saurai sans doute jamais » ajoute-t-elle.
L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) fait 150.000 victimes de tout âge chaque année en France, soit une personne toutes les 4 minutes. 30% d’entre eux sont d’origine indéterminée. Une véritable loterie. Et dont l’existence est trop peu connue de la population. D’après les chiffres, près de 8 français sur 10 ne reconnaîtraient pas les symptômes et n’auraient pas le réflexe d’appeler le 15. Jessica, elle-même, n’a pas vu « arriver » son accident. C’est pour sensibiliser à ce problème qu’elle raconte volontiers sa mésaventure aux medias.
Un défi de 30 jours pour alerter sur les AVC pédiatriques
Cinq ans plus tard, Jessica, licenciée pour inaptitude, a perdu son emploi et conserve des séquelles. « J’ai recouvré la vue mais je souffre de problèmes de convergence, comme un appareil photo qui a du mal à se fixer entre le flou et le net. Je fais aussi de la photophobie. Certaines lumières me dérangent énormément. J’ai amélioré mes problèmes d’équilibre à force de les travailler, et aussi d’élocution... sauf quand je suis très fatiguée. » Malgré tout ses déboires, Jessica soutient sa cause. Elle souhaite sensibiliser et informer. C'est pour cela qu'elle supporte le challenge de Bruno Boulard.
Du 27 mars au 25 avril, cet artisan héraultais, dont le frère a également été victime d'un AVC, a décidé de se lancer un défi pour alerter les populations au danger de ces accidents, et en particulier sur les enfants, qui peuvent également en être victimes. L’ensemble des enfants victimes d’AVC, que Bruno rencontrera lors de son défi, ont d’importants besoins pour progresser et améliorer leur quotidien. De nombreux stages soins et stages de rééducation, ne sont pas pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale, de même que les aménagements pour faciliter leur vie de tous les jours et effectuer des loisirs adaptés : outils ergonomiques, fauteuil, vélo, etc.
Collecter des dons pour soutenir les parents d'enfants victimes d'un AVC
Le 22 avril, Bruno effectuera une étape de 175 km entre Saint-Alban de Roche (38) et Tain l'Hermitage (26). A l'occasion de son arrivée en Auvergne-Rhône-Alpes, la veille, il rencontrera Jessica, qui a choisi de l'aider en médiatisant son histoire personnelle, pour collecter des fonds. "On s'est connus sur les réseaux sociaux autour de ce sujet. Son frère a connu ça à l'âge de 50 ans. Alors Bruno s'est dit que cela devait être encore plus difficile quand la victime est un enfant. Sur son parcours, il va justement rencontrer de 15 enfants et 3 adultes, dont moi." explique Jessica. "En raison de la crise sanitaire, toutes les animations autour de ses étapes ont du être annulées. Cest pour cela que le relais des medias est très important"
Les familles de ces jeunes victimes ont en effet besoin de fonds pour que s’épanouissent au mieux leurs enfants. Lors des arrivées d’étape en présence de victimes d’AVC, les visiteurs peuvent donc aider financièrement ces enfants par le biais d’un pot commun, ouvert aux particuliers et aux entreprises, commerces, artisans, associations, etc. De plus, une cagnotte a été mise en ligne, pour permettre à toutes les personnes ayant eu connaissance du défi de participer quelque soit l’endroit où elles se trouvent. Les fonds seront collectés par le biais de l’Association "Kerwan 2 Toi" jusqu’au 31 mai 2021, et répartis en parts égales entre les différentes familles de petites victimes.
Pratique et utile : comment reconnaitre les signes fréquents de l'AVC ?
Chez le nouveau-né
•Mouvements répétitifs (face, succion, yeux)
•Pédalage inhabituel
•Fixité du regard
•Apnées respiratoires
•Convulsions
Chez le bébé
•Rigidité musculaire
•Convulsions d’un membre
•Latéralisation trop précoce
•Poing souvent fermé ou orteils en griffe d’un côté du corps
Chez l’enfant
•Troubles de la parole
•Troubles de la vision
•Faiblesse d’un côté du corps
•Convulsions
•Modifications de la vivacité
•Changement soudait du niveau de vigilance
(Source : Bloghoptoys.fr – Infographie de l’AVC de l’enfant)
Chez l’adulte
•Faiblesse, ou paralysie d’un bras, d’une jambe, du visage ou de toute la moitié du corps (hémiplégie)
•Diminution ou perte de la sensibilité d’un bras, d’une jambe, du visage ou de toute la moitié du corps
•Difficultés pour parler, pour articuler ou pour comprendre
•Trouble de la vue : vision double, baisse brutale de la vue d’un oeil, diminution d’une partie du champ visuel
•Trouble de l’équilibre et de la marche
(Source : Société Française Neuro-Vasculaire)