Après l'annonce de la démission de Mgr Barbarin jeudi 7 mars à Lyon, la suite du calendrier appartient au pape François, qui peut l'accepter, prendre un temps de réflexion, ou la refuser.
Le cardinal Barbarin, après sa condamnation à six mois de prison avec sursis, a annoncé qu'il allait remettre sa démission au pape "dans les prochains jours". Selon nos informations il devrait s'envoler pour Rome en début de semaine prochaine. D'ici là, il garde toutes ses fonctions.
La décision finale revient donc à présent au souverain pontife, qui a aussi la main sur le calendrier. Le cardinal Barbarin deviendra "évêque émérite" de Lyon, si le pape accepte sa démission. Un cardinal garde son titre, jusqu'à l'âge de 65 ans.
Au lendemain de cette annonce fracassante, le cardinal n'était pas visible dans la cathédrale Saint-Jean ni dans la Basilique de Fourvière.
Quel processus pour la démission?
Habituellement, lorsqu'un évêque, pour des raisons d'âge, de santé ou personnelle, demande au Saint-Père d'être relevé de sa charge, il en informe d'abord le nonce et la Congrégation pour les évêques, puis le pape, qui tranche en dernier ressort.
Cette fois-ci, Mgr Barbarin, qui est à la fois archevêque, cardinal et primat des Gaules, a annoncé qu'il allait se rendre au Vatican et remettre directement sa demande de démission au pape lors d'un tête-à-tête.
C'est alors au Saint-Père de décider. Il est entièrement libre soit d'accepter la démission soit de dire qu'il a besoin d'un temps de réflexion. Il peut également décider d'attendre la décision de la Cour d'Appel de Lyon.
Si, à la fin du rendez-vous, François accepte la démission, il peut rendre sa décision publique immédiatement ou à une date ultérieure.
En mai 2016, François avait pris la défense du cardinal, à qui le Premier ministre de l'époque Manuel Valls avait demandé de "prendre ses responsabilités" après sa mise en cause pour non-dénonciation d'abus pédophiles. Le souverain pontife avait alors jugé que sa démission serait "un contresens, une imprudence".
Il y a deux semaines, après un sommet historique qui a réuni pendant quatre jours au Vatican les évêques du monde entier sur la lutte contre la pédophilie, François a promis "une lutte à tous les niveaux".
Interrogé, Christian Terras, directeur du magazine chrétien Gollias, affirme: "Il me semble que si le pape est logique avec lui-même, il devrait accepter cette démission. Sinon le pape se contredirait par-rapport à la vision qu'il a du problème de la pédophilie dans le monde, qui est la tolérance 0. Normalement, le pape devrait accepter cette démission."
Quelle succession si la démission est acceptée?
Plusieurs scenarii sont possibles. Le pape peut nommer d'emblée un successeur au cardinal Barbarin, une issue toutefois "peu probable" selon une source proche du dossier qui note qu'il faut d'abord "trouver un évêque" et "que ce dernier accepte".
Autre possibilité, un "collège des consulteurs", composé de prêtres du diocèse de Lyon, élit un "administrateur diocésain". Ou alors le pape nomme un "administrateur apostolique", imposé en quelque sorte au diocèse par le Vatican. Il est "probable que ce soit cette solution-là" qui soit retenue, estime une source proche du dossier, qui relève qu'elle est souvent "adoptée quand il y a un problème ou en cas de crise".
Dans les deux derniers cas, l'administrateur gère les affaires courantes en attendant qu'un évêque soit nommé par le pape.