L’assemblée nationale a voté le vendredi 27 septembre l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. C’est la mesure phare du projet de loi bio-éthique qui a été adoptée en première lecture.
Parmi les opposants déclarés à cette mesure, la députée Lrem de la 5è circonscription du Rhône, Blandine Brocard est intervenue dans l'hémicycle pour défendre son point de vue d’une manière plutôt percutante.
Elle s’est notamment demandée s'il était opportun « d’institutionnaliser un environnement familial qui ne prend pas en compte la figure paternelle (...) Même quand l’enfant est conçu par un coup d’un soir, la maman peut raconter la rencontre… A quoi ressemblait ce père, et l’enfant peut se construire par rapport à une histoire ».
Elle explique sa prise de position (itv à lire sous la vidéo)
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Yannick Kusy : Ce sont des arguments que l’on a déjà entendu, mais pas forcément provenant de la République en Marche. Avez-vous choisi consciemment d’aller à l’encontre de ce que défend votre parti ?
Blandine Brocard : Avant de vous répondre, je voudrais aussi rappeler que j’ai commencé mon intervention par dire que je comprenais fondamentalement ces femmes qui avaient envie d’avoir un enfant. Je ne dis absolument pas que deux femmes ne sont pas capables d’élever et d’aimer de tout leur cœur un enfant. Je ne dis pas non plus que tous les pères sont absolument merveilleux…
YK : Vous commencez peut-être à réaliser que la formule que vous avez employée a pu occulter le reste de votre déclaration ? C’était peut-être un peu brutal ?
BB : Non. Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’un enfant a besoin d’une histoire. Et qu’un enfant vient d’un principe masculin et d’un principe féminin. Et qu’il a besoin de ce repère paternel et de ce repère maternel. Très souvent, la ministre a rappelé qu’il « existe beaucoup d’orphelins de père qui, dieu merci, grandissent très bien » Ce n’est pas la même chose. Un, l’enfant est déjà là. Et deux, la maman est capable de raconter l’histoire de son papa. Cela va peut-être être caricatural, il n’empêche. Il y a la photo du papa sur la cheminée. Donc l’enfant s’inscrit vraiment dans une histoire.
YK : Est-ce que deux femmes, qui ont envie d’un enfant, qui nourrissent ce projet, qui y travaillent, qui se battent pour cela, n’ont pas, elles aussi, une histoire à raconter à leur enfant ?
BB : Tout à fait. C’est leur projet. Mais, justement, revenons au bon sens. Je n’ai pas voulu justement utiliser beaucoup d’arguments scientifiques, juridiques, philosophiques. Mais d’un point de vue purement de bon sens, pardon, on fait partie d’une espèce vivante, et, effectivement, on provient d’un principe masculin et d’un principe féminin. Et l’enfant a besoin de se construire dans cette altérité. Ces femmes disent « de toute manière, du masculin, l’enfant va le rencontrer ». C’est pas du tout pareil que l’homme qui est à l’origine de cet enfant. Si on prend, par exemple, la convention internationale des droits de l’enfant, il est marqué, noir sur blanc, que l’enfant doit être élevé avec son père et sa mère.
YK : Ne confondez-vous pas le père et le géniteur ? Lorsque vous parlez « d’un coup d’un soir », vous ne parlez pas forcément d’un père, mais bien d’un géniteur. Est-ce qu’il suffit d’être un géniteur pour être un père et assurer ce rôle ?
BB : Non, l’un avec l’autre. On est en train de justement casser cet ordre naturel. Encore une fois, le papa est naturellement à l’origine de l’enfant. Il fait donc partie à la fois de son origine et de son développement quotidien. Qu’il soit présent au quotidien ou pas. Il est là, à la fois à l’origine et dans la construction de l’enfant
YK : Une dernière question. Comment cela se passe-t-il au sein de votre parti, depuis que vous défendez ce point de vue ?
BB : Cela se passe très bien. Le président de la République l’a rappelé très souvent. Nous avons une liberté de vote. Et je l’assume absolument.