ENQUÊTE : fumées jaunes et odeurs suspectes, un laboratoire de Lyon pointé du doigt

Il y a quelques jours, les riverains d'un laboratoire de Gerland ont alerté sur des fumées et des odeurs suspectes. Après enquête, il apparaît que cette entreprise est en fait sous le coup de plusieurs mises en demeure des services de l'État depuis bientôt deux ans. En cause : des rejets de mercure anormalement élevés.

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Depuis des mois, les voisins du Parc de l'artillerie, à Gerland, seraient incommodés par d'étranges odeurs acides, des relents âcres. Les témoignages se multiplient. Des odeurs qui iraient jusqu'à provoquer des maux de tête, des irritations des yeux et de la gorge. Ces derniers jours, ce sont même des fumées jaunes et des odeurs nauséabondes qui ont été constatées. Aux dires des riverains, ces émanations et odeurs s'intensifieraient. Dans une vidéo réalisée par un amateur, on aperçoit une fumée jaune semblant provenir des laboratoires Pourquery. Des fumées aux odeurs nauséabondes. 

"Comme quand on passe à Feyzin !"

"Ces deux dernières semaines, certains jours, les odeurs étaient très importantes. J'ai trouvé que ça dépassait le simple désagrément de l'odeur. Certaines fois, je me suis senti écœuré en traversant la cour, je n'étais pas bien. C'était un mal-être. Ces odeurs, c'était un peu comme quand on passe à Feyzin ! C'était plus fort que d'habitude", raconte Amaury, un responsable d'une entreprise sur ce site, en évoquant "une odeur de chimie" difficile à décrire. 

Le gestionnaire du parc d'activité a été prévenu. Problème, au Parc de l'artillerie est situé en zone urbaine, à proximité d'établissements scolaires, d'habitations. Il abrite en outre de nombreuses entreprises. Plus de 500 employés qui travaillent quotidiennement sur ce site. 

Un laboratoire dans le collimateur

Les Laboratoires Pourquery sont spécialisés dans la réalisation d'essais et d'analyses physico-chimiques, mécaniques et de sécurité pour l'industrie et divers biens de consommation. Ils sont présents à Hong Kong et aussi à Lyon depuis 40 ans.

À la suite de ces dégagements de fumées et odeurs, la Direction Régionale de l'Environnement a été alertée. Mais il apparaît que ce laboratoire est déjà dans le collimateur de la DREAL. En février dernier, elle a publié un rapport d’inspection. L’exploitant explique que ces odeurs proviennent d’une étuve qui sert occasionnellement à assécher des boues. Il l’assure, ces boues ne sont pas toxiques. Mais ce rapport révèle une autre pollution plus alarmante.

durée de la vidéo : 00h02mn19s
Reportage M.Redortier, V.Diguat. ©France Télévisions

Mercure : 70 fois au-dessus de la norme

Depuis fin 2022, les Laboratoires Pourquery sont en fait sous le coup de plusieurs mises en demeure des services de l'État pour non-conformités de leurs rejets gazeux. En cause notamment des rejets de mercure avec des taux anormalement élevés. Selon les résultats d’analyses datant du 10 mars 2023, l’entreprise rejette sept fois plus de mercure dans l’air que le seuil réglementaire.  

Un an plus tard, de nouvelles analyses tombent. Les rejets en mercure sont désormais 70 fois au-dessus de la norme. Les études révèlent des dépassements concernant une autre substance chimique, le chlorure d’hydrogène. En ce qui concerne ce produit, le taux est 10 fois supérieur à la norme.  

Contacté, l’exploitant assure tout mettre en œuvre pour se conformer à la loi. "Nous avons, depuis le mois d'octobre, mis en place un plan d'actions avec la DREAL pour résoudre ces non-conformités (...) Des actions ont donc déjà été prises et certaines doivent encore être réalisées dans les trois mois", assure l'entreprise.
Les Laboratoires Pourquery ont deux mois pour agir, passé ce délai, ils tomberont sous le coup d’un arrêté préfectoral d’astreinte.  C'est-à-dire condamnés à payer 100 euros d’amende chaque jour, jusqu’à ce qu’ils respectent les seuils réglementaires.

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