Féminicide : le rapport accablant des gendarmes au procès de Mikael Corcessin-Dervin à Lyon

Mikael Corcessin-Dervin, chanteur de cabaret est jugé pour l'assassinat de sa compagne devant la Cour d'Assises de Lyon. Cet homme de 41 ans est accusé d'avoir tué Aline Sepret, jurassienne de 35 ans, et d'avoir brûlé son corps le 16 juin 2018 à Taluyers (Rhône).

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Les enquêteurs de la gendarmerie ont délivré un rapport à la fois sobre et accablant, sous le regard impassible de l'accusé mardi, au premier jour du procès de Mikael Corcessin-Dervin, un chanteur de cabaret jugé pour l'assassinat de sa compagne. Cet homme de 41 ans est accusé d'avoir tué Aline Sepret, 35 ans, et d'avoir brûlé son corps le 16 juin 2018 à Taluyers (Rhône), au sud de Lyon.

La piste de la préméditation

Selon l'accusation, ce boulanger de métier qui s'est reconverti comme DJ en Picardie avant de se produire comme chanteur, avait prémédité son acte. En exposant les éléments matériels de leurs investigations, les gendarmes ont notamment indiqué que des traces d'Amitriptyline avaient été détectées dans deux verres posés sur l'évier de la cuisine du couple. Il s'agit d'une molécule présente dans le Laroxyl et dont l'effet sédatif peut-être augmenté par l'alcool. Le médicament était prescrit uniquement à Mikael Corcessin, pour ses douleurs consécutives à un accident de voiture.

Selon le récit de l'accusé, la jeune femme avait bu un verre de vin rosé et un verre de vodka au sirop de grenadine le soir du drame. Or, des traces de cette substance ont été trouvées dans le corps de la victime, selon les analyses toxicologiques. Le sirop peut masquer l'amertume du produit et elle n'avait pas l'habitude de boire, ont ajouté les enquêteurs. Pour eux, la thèse d'un empoisonnement pour endormir la victime est probable, ce qui prouve la préméditation.

Un coup sur la tête un mois plus tôt 

Un autre événement suscite des interrogations. Dans la nuit du 1er au 2 mai 2018, Aline Sepret a été victime d'un violent coup à la tête. Selon Mikael Corcessin, elle s'était cognée à cause de spasmes dans son sommeil. Les gendarmes ont cependant découvert dans son téléphone des recherches sur Internet, avec le mot clé "frappe à la tête", effectuées avant la blessure, "ce qui est très troublant", a insisté l'enquêteur de la section des recherches de Lyon.

Les gendarmes ont aussi trouvé un pied de biche dans la chambre du couple. Au cours de cette même nuit, Mikael Corcessin a envoyé des SMS à Aline dont un dernier message, à 0h52, lui demandant: "tu reviens bientôt mon coeur?".

A 1h03, il la prenait en photo avec un bandage sur la tête. Selon l'accusation, cet épisode peut s'analyser comme une première tentative d'assassinat qui aurait échoué, avec des circonstances comparables au crime de Taluyers: un mois après, dans la nuit du 15 au 16 juin 2018, Mikael Corcessin a aussi envoyé des SMS à sa compagne pour faire croire qu'elle avait disparu alors qu'elle était déjà morte.

"J'ai baissé les yeux."

Durant l'instruction judiciaire, le chanteur a affirmé avoir commis un geste volontaire en poussant sa compagne dans l'escalier, mais sans intention de lui donner la mort. Il l'a répété au début de l'audience. "Il est vrai qu'il y a eu des incohérences dans ce que j'ai pu dire. J'essayais de raccorder mes souvenirs à ce que me disaient les enquêteurs", a-t-il déclaré. Le visage figé, il a suivi l'exposé des enquêteurs et des médecins légistes en restant impassible. Invité par le président Eric Chalbost à commenter l'album photo de la scène de crime, Mikael Corcessin s'est borné à dire: "J'ai baissé les yeux." Le procès se poursuit mercredi avec l'audition de plusieurs témoins. Verdict attendu vendredi.

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