Un homme de 51 ans, amputé des 4 membres après une grave infection, a subi une double greffe des avant-bras en novembre dernier par les chirurgiens du CHU de Lyon et de la clinique du Parc. Septième opération de ce type à Lyon sur 32 déjà effectuées dans le monde.
Jean-Michel Schyve,51 ans est un homme heureux. Il raconte aujourd'hui avoir pleuré en se réveillant avec ses deux nouvelles mains dans sa chambre d'hopital au CHU de Lyon. C'était en novembre dernier. Les chirurgiens de l'hopital Edouard Herriot et de la clinique du Parc venaient de procéder à une greffe bilatérale des avant-bras sur cet homme lourdement handicapé depuis 2010. Une infection du sang fulminante avec nécrose avait obligé les médecins à l'amputer des quatre membres, le condamnant à de graves handicaps.
Le professeur Lionel Badet, spécialiste de la chirurgie de la transplantation, explique en quoi les patients qui ont perdu leurs deux mains doivent faire l'objet d'une greffe prioritaire : "Ils rencontrent des grosses difficultés d'insertion et sont en état de mort sociale. La difficulté est aussi de trouver pour eux des donneurs"...
Le greffé, Jean-Michel Schyve, originaire du nord de la France et père de trois enfants, explique qu'il avait réussi à s'approprier ses nouvelles prothèses de jambes . Il ne pouvait pas se résigner malgré tout à perdre l'usage de ses mains, pour lui et sa vie de couple. Et surtout qu'il lui manquait une dimension essentielle, le toucher :"C'est miraculeux de retouver ses mains" explique-t-il encore ému. Il attendait cette greffe depuis plus de trois ans. Et curieusement, c'est au moment où il visionnait le film "réparer les vivants, en quelque sorte l'histoire de sa propre vie, qu'on le prévient de ce que deux greffons compatibles l'attendent à Lyon ...
Cette transplantation va demander une organisation particulièrement lourde et bien coordonnée puisque 4 équipes de chirurgiens spécialisés, deux pour les bras du donneur, deux pour les bras du receveur, vont travailler simultanément autour du patient. Elle doit permettre de passer "de la dépendance à l'autonomie recouvrée" explique le professeur Aram Gazarian, de la Clinique du Parc, étroitement associée à cette transplantation.
Un peu plus tard, le professeur Emanuel Morelon souligne qu' "une transplantation sans traitement anti-rejet durerait tout au plus une semaine". Au delà de la prouesse chirurgicale, greffer deux avant-bras simultanément, il y aussi le suivi du patient sur la durée avec une équipe pluridisciplinaire ... Des infectiologues, des immunologistes,des infirmières ,des réeducateurs, une façon de rendre hommage à toutes les équipes qui oeuvrent pour la réussite de cette septième greffe bilatérale lyonnaise, sur 32 déjà réalisées dans le monde depuis 2000