Au moins 200 salariés étaient réunis jeudi 2 février en fin de matinée devant le siège de la chaîne de télévision européenne basée à Lyon. Les grévistes s'inquiètent du devenir de la rédaction multilingue. Ils dénoncent un sous-effectif chronique et craignent, à terme, un démantèlement.
Marre de l'incertitude et des sous-effectifs. C'est en substance le message qu'ont voulu faire passer les quelque 200 salariés d'Euronews réunis à 10 heures du matin ce jeudi 2 février à Lyon.
Devant le siège de la télévision européenne multilingue, ils ont fait une chaîne humaine pour manifester leur attachement à ce média qui diffuse aujourd'hui des programmes d'information en 12 langues (5 autres sont des "franchises" avec des sièges locaux : en albanais, serbe, géorgien, roumain, bulgare).
Un nouvel actionnaire et des changements annoncés
Au cœur des préoccupations : le rachat l'an dernier par Alpac Capital, un fonds d'investissement portugais, de 88% des parts de l'entreprise jusque-là détenues par Media Globe Network.
A la clé, selon Léna Roche, secrétaire CFE-CGC du Comité social et économique d'Euronews, la nouvelle direction avait annoncé "une première phase de changement" telle que le non-renouvellement des départs ou encore la vente annoncée du siège, tout en assurant vouloir conserver le siège social à Lyon.
Le problème pour les organisations syndicales, c'est qu'une seconde phase est annoncée et qu'elle "devrait concerner toute l'entreprise, sans plus de détail". D'où l'inquiétude des salariés qui sont environ 500 personnes selon l'entreprise, dont 400 journalistes (Selon les organisations syndicales, 380 personnes seraient en CDI, les autres étant en CDD).
Un modèle de rédaction multilingue
Concrètement, les journalistes craignent pour le "modèle multilingue" de leur rédaction, qui fait "l'ADN de cette chaîne". Mais tous dénoncent aussi un sous-effectif chronique qui toucherait l'ensemble des secteurs, journalistes, personnels techniques et administratifs, du fait du non-remplacement des départs.
Enfin, c'est bien d'un démantèlement pur et simple dont les grévistes ont peur, et la fin d'une certaine idée de l'Europe. Car en 1993, à l'origine, Euronews est une co-création de 10 groupes audiovisuels européens publics pour concurrencer CNN International.
Alexis Caraco, délégué syndical CGT explique que depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et "les groupes se sont retirés les uns après les autres", ouvrant la voie à un actionnariat privé, expliquant que depuis 4 à 5 ans, l'entreprise est "lourdement" déficitaire.
Le refus d'un nouveau PSE
Plusieurs PSE, plans de sauvegarde de l'emploi, ont d'ailleurs été menés à bien et les effectifs ont fondu avec une chute de 800 collaborateurs revendiqués en 2016, contre 500 en 2023.
Pour Léna Roche, la grève du jour est donc "un moyen de dire stop" avant que de nouvelles annonces soient faites. "On ne veut pas d'un nouveau PSE", conclut-elle.