Guerre en Ukraine : Comment parler de la guerre aux enfants ? Un casse-tête pour parents et enseignants qui sont confrontés à cette question

Les élèves de primaires s'interrogent beaucoup et s'inquiètent souvent de contexte de guerre à la porte de l’Europe, entre Russe et Ukrainiens. Dès les premiers jours du conflit, les enseignants ont accueilli un flot de questions et recueilli beaucoup d’angoisse.

Yannick Milleur est psychologue à Lyon, pour lui "même s'il est très compliqué de parler de la guerre en Ukraine aux enfants, il faut le faire ! Que ce soit à la maison ou à l’école".

Selon Yannick Milleur, c’est une manière pour eux de se réapproprier un événement qui s'est produit, qui a fait irruption dans leur quotidien, et auquel ils n'ont pas été habitués. Ce qui est d’ailleurs aussi le cas pour les adultes qui les entourent. Interview.

Pour bien faire, à partir de quel âge peut-on parler de la guerre aux enfants ?

Ce n’est pas une question d’âge, c'est surtout une question d'adapter les mots et la manière d'en parler. Il faut faire extrêmement attention aux mots employés et ne pas aller plus loin que les questions posées.

Ça veut dire qu’il ne faut pas anticiper ce genre de discussion avec les enfants s’ils ne posent pas de questions ?

C’est très variable. Il y a des enfants qui vont se renfermer, ne pas en parler, d'autres qui vont le mettre en scène, le jouer, d'autres qui vont poser des questions ou en discuter entre eux. Donc, je crois qu’il faut juste leur demander ce qu'ils en ont compris, même à ceux qui n'en parlent pas, simplement avec les mots adaptés en fonction de leur âge. Surtout, ce qui est important, en tant que adultes, c'est de ne pas leur transmettre nos propres angoisses parce que les enfants regardent le monde à travers le prisme de tous les adultes qui les entourent.

Qu’est-ce qu’il vaut mieux faire ? Leur montrer la réalité ou la cacher ?

Le problème des journaux télévisés, c'est que les images vont apparaître, donc il faut faire attention, parce que les enfants peuvent avoir accès à des contenus qui ne sont pas de leur âge. Certains psychologues où chercheurs recommandent la fin de la primaire avant de laisser les enfants accéder plus simplement à des images de guerre.

Vous avez des exemples de questions des enfants ?

Les  premières questions qui émergent concernent la distance, est-ce que ça va arriver ? Est-ce qu'ils vont perdre leur maison ? Ils sont très sensibles quand ils voient que d'autres enfants ont perdu leur maison. Et puis, il ne faut pas oublier que ces événements qui font irruption, ça les renvoie aussi à leurs propres angoisses d'enfants, donc il faut leur répondre simplement, c’est important. Et si ça ne calme pas les angoisses, c'est qu'ils vivent quelque chose d'autre. Donc dans ces cas-là, il faut écouter plutôt que d'avancer directement un discours pour savoir exactement ce qui les inquiète. Je prends l’exemple d'une petite fille qui avait très peur de la guerre. On a essayé de la rassurer, mais c’est impossible. En fait, quand nous sommes allés chercher plus loin, on a compris qu’elle avait peur d’être séparée de son doudou. Ce n’était donc pas tant la guerre qui l’inquiétait mais de garder son doudou auprès d’elle quoi qu'il arrive, quelle que soit la situation.

Quoi qu'il en soit, il est difficile d’être parents dans ce contexte, entre crise sanitaire liée au covid et le conflit entre la Russie et l’Ukraine. ce qu’il faut retenir c'est qu'il faut parler aux enfants des situations les plus délicates et graves, mais avec des mots bien choisis.

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