Les réfugiés ukrainiens continuent de fuir la guerre. Le dispositif européen de "protection temporaire" a été activé pour les accueillir à Lyon. La préfecture du Rhône a mis en place un parcours spécifique. Ce 18 mars au matin, les demandeurs ont découvert un accueil bien fléché.
Drapeaux bleu et jaune, parcours fléchés dans le hall d'accueil, guichets dédiés, flyers d'information traduits en ukrainien. A Lyon, la préfecture du Rhône a mis les bouchées doubles pour accueillir au mieux les populations civiles ukrainiennes qui ont fui la guerre.
Entre larmes et sourires, ces réfugiés défilent à la préfecture du Rhône depuis une semaine pour bénéficier du régime de protection temporaire. Ce sont des femmes, souvent accompagnées d'enfants, des personnes âgées. Les Ukrainiens ayant quitté le pays depuis le 24 février sont éligibles à ce dispositif exceptionnel, prévu par une directive européenne de 2001. Il a été activé pour la première fois, le 11 mars dernier. Déjà une centaine de personnes ont obtenu ce statut à Lyon.
La préfecture du Rhône aux couleurs de l'Ukraine
Depuis ce vendredi matin, 18 mars, c'est le branle-bas de combat à la préfecture du Rhône, dans les locaux du 6e arrondissement. Dans le hall, les drapeaux et la signalétique aux couleurs de leur pays permettent aux réfugiés ukrainiens venus trouver de l'aide de se repérer facilement. La très grande majorité d'entre eux a déjà un rendez-vous et vient déposer un dossier ou récupérer une carte d'aide aux demandeurs d'asile. Cinq guichets spécifiques sont à la disposition des réfugiés ukrainiens ayant obtenu un rendez-vous via Forum Réfugiés COSI.
Pour ceux qui seraient venus en préfecture sans passer par la case ONG, un accueil est également prévu. Devant un bureau d'information dédié, un badge aux couleurs de l'Ukraine sur la poitrine, Daryna Kyrychenko est la personne qui sert d'interprète à ces réfugiés désorientés.
"C'est ma langue maternelle, j'essaye d'aider comme je peux, j'essaye de contribuer à ma manière", explique la jeune bénévole postée devant le bureau 0.03. Depuis ce matin, elle explique et traduit les documents français que les réfugiés ukrainiens devront remplir pour pouvoir bénéficier de la protection temporaire. "Ça me fait mal au coeur de voir cette situation, je suis née en Ukraine et j'ai de la famille là-bas. C'est compliqué d'être ici et ne pas pouvoir faire grand chose", déplore la jeune femme. Elle a aussi proposé son aide dans plusieurs mairies à Lyon.
Entre larmes et soulagement
Daryna se fait leur voix aussi. C'est le cas pour Tamara Balanova qui est originaire de Kiev et qui ne peut retenir ses larmes en évoquant la situation dans son pays. Elle va rester à Lyon pour l'instant. Mais elle l'assure : sitôt que les bombardements cesseront, elle compte bien repartir dans son pays. Tamara est venue en France avec sa soeur, sa nièce et son enfant. Elle est très surprise de l'accueil qui leur a été fait et très reconnaissante.
Bohdan Sytnik, qui vit en France depuis 8 ans, a réussi à faire évacuer sa mère et sa belle-mère de Kiev, toutes deux handicapées. Ce vendredi matin, il est venu faire une demande de protection temporaire pour elles. Un parcours sans anicroche qui a débuté la veille chez Forum Réfugiés COSI. Statuts validés et cartes d'allocation en main récupérées auprès de l'OFII en 48 heures, il ne cache pas sa satisfaction. "C'est vraiment bien organisé. On a été bien accueilli. On est vraiment très content. Je peux dire vive la France et vive l'Ukraine. Merci."
Parcours express pour les réfugiés Ukrainiens
La préfecture du Rhône a mis en place des guichets spécifiques avec une procédure simple : dans un premier temps, les réfugiés doivent contacter par téléphone l'ONG Forum Réfugiés COSI qui les aide à monter leur dossier et leur permet de décrocher un rendez-vous en préfecture. Sitôt leur statut validé, ils peuvent récupérer leur carte d'aide aux demandeurs d'asile. A Lyon, les autorités préfectorales ont fait preuve de célérité. "On est sur des délais de 48 heures à 3 jours", explique Julien Perroudon, secrétaire général adjoint de la préfecture du Rhône. "Le statut leur donne droit au séjour, ils ont le droit à la carte ADA qui leur permet d'avoir un pécule. Le statut leur donne le droit d'avoir accès au travail, aux soins, à la scolarisation des enfants et d'avoir accès aux aides au logement", résume le secrétaire général adjoint.
Ce statut spécifique ouvert aux réfugiés ukrainiens en raison de l'urgence de leur situation est une mesure européenne activée depuis une semaine, rappelle Julien Perroudon. La procédure diffère pour les autres demandeurs d'asile dont les demandes sont examinées et traitées traditionnellement par l'Ofpra. "La volonté du préfet est que l'on puisse faire cohabiter ces deux flux : le flux de gestion des étrangers et le flux des réfugiés ukrainiens qui va peut-être augmenter". A terme, les autorités préfectorales n'excluent pas une réorganisation des effectifs ou des embauches en fonction des besoins.
Et depuis ce vendredi 18 au matin, le rythme semble s'accélérer. La préfecture du Rhône enregistre à présent une centaine de rendez-vous quotidiens. Les autorités prévoient d'ouvrir trois bureaux supplémentaires la semaine prochaine dédiés aux réfugiés venus d'Ukraine.