À l’occasion des journées européennes de l'archéologie, le musée Lugdunum invite les curieux à visiter des fouilles en cours. Sur les hauteurs de Fourvière, une caserne militaire du 1ᵉʳ siècle de notre ère livre ses secrets.
À l'entrée du musée Lugdunum, ce vendredi 16 juin, une classe de 5ᵉ option latin, attend de pouvoir découvrir les lieux. "Vous avez remarqué qu'à côté, quand vous faisiez la queue, il y a un théâtre antique" indique un guide.
Lyon et sa riche histoire gallo-romaine
Lyon est assise sur un mille-feuille archéologique. Les vestiges délicatement prélevés du sol permettent d'appréhender les contours de la vie à l'époque gallo-romaine. "On fouille un chantier assez exceptionnel et assez rare dans le monde romain, on est en train de dégager une caserne militaire qui est installée dans une ville romaine, la ville romaine de Lyon", explique Benjamin Clément, responsable des fouilles du Clos de la Visitation.
Derrière lui, une dizaine de personnes, agenouillées par terre, balaie, excave méthodiquement une parcelle. Chapeau et foulard sur la tête, ces étudiants en archéologie sont les premiers témoins de l'histoire de la caserne militaire.
"Les casernes militaires, on les connaît assez bien, elles sont systématiquement à la campagne et là, c'est la première fois que l'on en dégage une dans un contexte urbain."
Le maître de conférence poursuit, "cette caserne militaire était destinée à recevoir 500 légionnaires, une cohorte urbaine. Ces légionnaires devaient protéger l’atelier monétaire installé à Lyon."
Les chercheurs ont effectivement identifié la présence en nombre d'armes ainsi que des traces d'affrontements. Des éléments qu'ils mettent en relation avec la bataille de Lugdunum, livrée en 197 entre l'empereur Septime Severe et son rival Clodius Albinus.
Attentifs, les élèves sont surpris. "J’ai appris qu’on pouvait faire archéologue à Lyon, s’exclame Levana. Je ne pensais pas qu’il y avait des zones archéologiques, que l'on travaillait comme ça, avant de construire un bâtiment. C’est un de mes métiers de rêve", conclut-elle.
La fin de l’histoire de cette caserne et donc de cette cohorte urbaine se produit en 197 après Jésus-Christ. Les deux belligérants se combattent (sans doute sur le plateau de la Duchère) et malheureusement pour la cohorte de Lyon qui a choisi Clodius Albinus, c'est Septime Severe qui a gagné.
"Pour punir Lyon et la cohorte, Septime Severe va laisser ses légionnaires piller la ville et le camp que l’on est en train de fouiller ici, ils vont le détruire totalement."
D'autres découvertes sont-elles possibles ?
"On trouve beaucoup de vestiges, confirme Benjamin Clément, en estimant que l’on a peut-être fouillé entre 10 et 15% des sites archéologiques sur le territoire français."
"Sur Lyon, la ville romaine était installée sur la colline de Fourvière. Aujourd’hui, on a beaucoup de parcs, ce sont les anciens couvents présents au XIXe siècle et XXe siècle. Il y a encore plein de secteurs, de réserves archéologiques et il y a des vestiges un petit peu de partout. Il faut imaginer qu’il y a 2000 ans, la colline était recouverte par une ville complètement urbanisée. Aujourd’hui, on fouille petit bout par petit bout, essentiellement, dans le cadre des projets de construction de l’archéologie préventive."
Un chantier qui forme les futurs archéologues
Sur le Clos de la Visitation se pratique de l'archéologie programmée, sans contrainte de temps, permettant de former les étudiants à l’archéologie pour fouiller ces vestiges particulièrement bien conservés.