Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce la fermeture des comptes de dizaines d'institutions musulmanes du département et de leurs "bienfaiteurs", évoquant un "apartheid bancaire" qui dure selon lui depuis plusieurs années.

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C'est dans un communiqué publié sur Facebook que le Conseil des mosquées du Rhône a dénoncé la fermeture des comptes de dizaines d'institutions musulmanes du département et de leurs "bienfaiteurs". Il parle d'un "apartheid bancaire" installé depuis plusieurs années.


Selon Kamel Kabtane, président du conseil des Mosquées du Rhône (CMR) et recteur de la grande mosquée de Lyon, "des dizaines de mosquées (dans le secteur du Rhône, ndlr) ,en pleine construction (ou extension) ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires".


Et Kamel Kabtane de citer notamment les cas de celles de la Croix-Rousse à Lyon, ainsi que celles de Villeurbanne, ou encore de Décines-Charpieu, dans la métropole lyonnaise.

"Des fermetures massives de comptes" 

En outre, ajoute-t-il, "des fermetures massives de comptes bancaires de particuliers ayant participé à la construction de mosquées ont été observées récemment dans les filiales de certaines banques, sans justification aucune".

Le recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, Azzedine Gaci, a confirmé que cette situation "dure depuis plusieurs années. Cinq ans, au moins", si bien que "cela paralyse complètement les travaux et la vie générale des mosquées". Selon lui, "toutes les banques sont concernées", "notamment La Poste et BNP-Paribas".

Un effet "Tracfin" ?

"Aucun motif n'a été donné par les banques au moment de la fermeture des comptes", ajoute Azzedine Gaci, qui soupçonne toutefois l'oeuvre de Tracfin, l'agence gouvernementale qui a mission de lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme ou du banditisme.

Déjà en novembre dernier, M. Kabtane s'inquiétait de la fermeture de nombreux comptes, soupçonnant les importantes quantités d'argent liquide déposées chaque mois sur ces comptes - selon lui pour financer des travaux - d'en être à l'origine.

Des mesures "discriminatoires"

"Il s'agit en tout cas de mesures discriminatoires", juge Azzedine Gaci."On ne peut pas continuer à mettre les Français musulmans au ban de la société et en même temps les taxer de séparatisme", s'insurge de son côté Kamel Kabtane, lançant au nom du CMR "un appel au président (...) pour que cesse cette ignominie juridique qui prive des institutions cultuelles et des citoyens français de leursdroits fondamentaux".

BNP-Paribas n'a pas souhaité commenter "les situations individuelles" de ses clients, mais assure que "chaque situation est étudiée en matière de connaissance des clients, dans le respect des obligations réglementaires".

Des mesures "à l'initiative des banques"

"Ces mesures ne sont pas prises à la demande des pouvoirs publics", mais "à l'initiative des banques dans le cadre de leur vigilance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme", a réagi le ministère des Finances dans une déclaration transmise à l'Agence France Presse.

Bercy précise toutefois que des fermetures de comptes "peuvent toutefois être entachées d'erreurs d'appréciation" qui les rendraient "tout à fait injustifiées".

Un dialogue engagé

Un "dialogue" a été entamé entre le ministère de l'Intérieur, le ministère des
Finances et les parties prenantes pour "appeler les banques à trouver des solutions
amiables avec les associations concernées", ajoute encore Bercy.

Le ministère rappelle que les personnes et associations ont d'ores et déjà la possibilité de faire jouer leur "droit au compte", par lequel la Banque de France désigne un opérateur qui sera contraint de leur ouvrir un compte bancaire.

Par ailleurs, une source proche du dossier place Beauvau a indiqué que "le ministère de l'Intérieur soutient M. Kabtane dans sa démarche".

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