Entre 2015 et 2016, les habitants des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) de la Métropole de Lyon ont peu déménagé,en particulier ceux de Lyon et de Villeurbanne. C'est ce qui ressort d'une étude de l'INSEE sur la mobilité des habitants des quartiers défavorisés.
Les habitants de ces Quartiers Prioritaires de la politique de Ville (QPV) du centre déménagent plus souvent dans la Métropole (hors QPV), tandis que ceux des autres QPV, ceux qui se touvent en périphérie, changent de logement davantage dans leurs quartiers de résidence. La forte pression de la demande en logement social et la tension globale du marché du logement freinent les mobilités. Les personnes effectuant une mobilité entre QPV (le même ou un autre) sont plus pauvres que les habitants non mobiles, explique l'étude. Les arrivants ne venant pas d’un QPV ont un niveau de pauvreté proche de celui de la population qui s'y trouve déjà. Les partants des QPV de la Métropole, au niveau de vie plus élevé, s’installent très majoritairement hors QPV et résident alors pour moitié dans le parc privé.
160 000 personnes vivent dans les quartiers prioritaires
On compte 37 quartiers prioritaires de la politique de la ville dans la Métropole lyonnaise. Y vivent près de 160 000 personnes, soit 38 % des habitants dans ce type de quartiers de la région. Mais surtout 11 % de la population métropolitaine.
A elles deux, les villes de Lyon et Villeurbanne rassemblent 15 quartiers prioritaires (nommés par la suite « QPV Centre »). Les 22 autres (qualifiés de « QPV hors Centre ») sont en périphérie, principalement à l’Est de l'agglomération. Un déséquilibre géographique conforme à la répartition de la population, constatent les deux auteures de l'étude. Les QPV hors Centre regroupent 70 % des habitants résidant en quartier prioritaire, c'est à dire bien davantage que la part de la population totale de la Métropole habitant en périphérie.
Accroître la mixité sociale des quartiers prioritaires
Il faut dire que les habitants des QPV hors Centre présentent, d'une manière générale, davantage de fragilités. Outre le fait d'être plus jeunes, ils sont moins diplômés et en situation plus défavorable sur le marché du travail. La moitié d’entre eux a ainsi un niveau de vie inférieur à 13 300 euros par an et 41 % vivent sous le seuil de pauvreté (soit – 580 euros et + 4,5 points par rapport aux habitants des QPV Centre). On est loin des statistiques relevées dans le reste de la Métropole, en dehors des secteurs labellisés QPV. Là, "seuls" 11 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le niveau de vie médian s’élève à 22 830 euros par an.
Partant de ce constat de différence, "L’un des enjeux majeurs de la politique de la ville est d’accroître la mixité sociale des quartiers prioritaires afin d’en réduire la ségrégation spatiale et sociale."
En centre-ville, on déménage moins
L'étude met l'accent sur la plus forte sédentarité des habitants des quartiers prioritaires centraux. Ils déménagent moins que les autres. Mais lorsqu'ils bougent, ils ont tendance à quitter ces quartiers dits prioritaires pour des secteurs d'habitat conventionnel (hors dispositifs prioritaires). Ainsi, au cours de l’année 2015, 11,5 % des habitants des QPV de la Métropole de Lyon ont déménagé (soit 18 100 personnes). Six sur dix (10 500 personnes) quittent ces quartiers pour s'installer principalement dans les villes de la ceinture lyonnaise, en location privée, dans des logements chez des bailleurs sociaux ou encore en accession à la propriété, dans une moindre mesure.
Les QPV Centre étant en général plus petits et situés dans des communes ayant une offre de logement locatif social importante, leurs habitants sortent davantage du périmètre de leur quartier, même s’ils restent à proximité de leur ancien logement. 70 % des familles qui partent d’un QPV Centre s’installent ainsi en dehors des QPV de la Métropole.
Les différents QPV Centre présentent des taux de mobilité plutôt homogènes, qui restent inférieurs à la moyenne, même le QPV très peuplé Lyon États-Unis – Langlet- Santy (8e arrondissement)et ses 15 250 habitants.
La pression sur le logement : un frein pour les mobilités
Les autres ménages habitant dans les quartiers hors centre continuent ainsi de résider dans les QPV. Quand ils déménagent, c'est avant tout au sein du même quartier (34 % de l’ensemble des déménagements). Seuls 8 % quittent le quartier pour un autre QPV.
Plus les quartiers sont sensibles, plus les familles déménagent. À l’exception de Saint-Fons Arsenal – Carnot-Parmentier, les habitants des grands QPV hors Centre ont des mobilités importantes (de 11,8 % pour Vénissieux Minguettes – Clochettes à 14,2 % pour Bron Parilly. Cela tient aussi à l’importance des ré- emménagements au sein du quartier.
Plus de quatre familles sur dix ré-emménagent dans le même quartier prioritaire pour une sur dix qui change de QPV. A noter qu'un tiers des personnes qui s'implante dans ces quartiers en provenance des villes de la couronne lyonnaise proviennent de secteurs dits conventionnels. Où ils n'ont plus les moyens de rester.