La mesure s'inscrit dans la politique écologiste lyonnaise et fait logiquement suite aux autres mesures prises pour inciter à la démotorisation en centre-ville. Le 15 décembre, en conseil municipal, d'après une information révélée par le quotidien le Progrès, les Verts devraient voter la suppression de la deuxième vignette de stationnement résidentiel par foyer. Elle sera applicable en 2024.
Une guerre déclarée aux automobilistes pour les uns, une nécessaire adaptation à la crise écologique pour les autres. A chaque nouvelle mesure prise par les Verts, deux visions de la ville s'opposent. Après la suppression de places de stationnement en voirie ou encore la reconversion de places de parking, la majorité écologiste continue d'appliquer la politique pour laquelle elle a été élue, démotoriser la ville et redistribuer l'espace public. « La mesure était inscrite au plan de développement urbain, voté en 2017, ce n'est donc pas une surprise. L'objectif, c'est de partager l'espace de stationnement en voirie entre les visiteurs horaires, les professionnels et les résidents, mais aussi décourager la multimotirisation », explique Valentin Lungenstrass, adjoint à la mobilité à la Ville de Lyon. Cette vignette permettait d'obtenir une tarification préférentielle pour le stationnement dans sa zone de résidence, l'idée étant d'inciter les habitants à laisser leur véhicule stationné afin de privilégier les transports alternatifs.
Une mesure inquiétante
Après s'être attaqués assez violemment aux commerces en supprimant des places de stationnement, la majorité s'attaque aux familles
Pierre Olivier, opposition, maire du 2ème arrondissement
Sa suppression, selon ses opposants, inquiète les citadins. « Après s'être attaqués assez violemment aux commerces en supprimant des places de stationnement, la majorité s'attaque aux familles », bondit Pierre Olivier, leader de l'opposition de droite et maire du 2° arrondissement. Il dénonce une politique punitive qui pénalisera les ménages les plus « faibles ». « Ce sont les mêmes victimes que pour la ZFE (la zone à faible émission), ils s'attaquent à des gens qui ont deux voitures, pas par idéologie, mais par nécessité. Et ces foyers-là vont devoir trouver des solutions alternatives trois à quatre fois plus onéreuses», ajoute l'élu.
« Cette mesure punitive et contraignante démontre l'échec du dialogue entre l’exécutif et les Lyonnais », ajoute Yann Cucherat, conseiller municipal d'opposition pour le groupe "Pour Lyon". Dénonçant lui aussi une mesure socialement injuste, il ajoute qu' « il s'agit d'une mesure prédatrice, caractéristique de la traque de l'automobiliste que mène la majorité municipale ».
Sur les réseaux sociaux également, la nouvelle fait bondir, bien au-delà des frontières lyonnaises.
Une mesure en adéquation avec la politique de la ville
Pourtant, la mesure ne concernerait que 2200 foyers. « Entre 2017 et aujourd'hui, le nombre de deuxième vignette a baissé de 66%, avoir une deuxième voiture à Lyon est donc un phénomène de plus en plus rare », assure Valentin Lungenstrass. « L'enjeu, c'est de développer des alternatives à la voiture, pour celles et ceux qui peuvent faire autrement. Et dans un milieu urbain dense comme la ville de Lyon, il y en a beaucoup », ajoute l'élu écologiste. D'ailleurs sur Lyon-Villeurbanne, le nombre de véhicule par ménage s'élève à 0,7%.
Cela va dans le sens de l'Histoire. C'est sûr que c'est des contraintes, cela force à se réorganiser pour les courses, les enfants, les activités, mais on ne peut plus prendre sa voiture pour un oui ou pour un non
Léna, habitante à Lyon
Favoriser le report modal et sortir du « tout-voiture », c'était une promesse de la majorité. Et pour ses électeurs, la mesure fait donc logiquement suite à la politique mobilité de la ville. « Cela va dans le sens de l'Histoire. C'est sûr que c'est des contraintes, cela force à se réorganiser pour les courses, les enfants, les activités, mais on ne peut plus prendre sa voiture pour un oui ou pour un non », explique Léna, habitante de Lyon. La jeune maman a fait le choix de ne posséder qu'une seule voiture et d'utiliser le vélo pour le reste de ses déplacements. « Les mesures sont drastiques, c'est sûr, et elles nous forcent à changer, mais on n'a plus le choix », ajoute-t-elle.
Une mesure progressive
Plusieurs autres villes en France ont déjà adopté une mesure similaire, comme Paris, Nice, Bordeaux ou même Villeurbanne. La mairie souligne également que son application sera progressive, puisque les dernières vignettes seront délivrées en Juin 2023 et valables encore un an. « Cela laisse le temps de se retourner vers d'autres possibilités de stationnement, comme la mutualisation de places de stationnement par des opérateurs privés à des tarifs très intéressants », affirme Valentin Lungenstrass. La suppression des vignettes de stationnement sera débattue en conseil municipal, le 15 décembre prochain.