Lyon accueille aujourd'hui un sommet sur l'I.A, l'intelligence Artificielle. Quels sont les métiers menacés? Les machines risquent-elles de dominer l'être humain? L'I.A risque de bouleverser nos vies dans les années à venir. Des experts vont débattre toute la journée.
L'Intelligence Artificielle est en sommet aujourd'hui à Lyon sous l'intitulé "L'intelligence de demain". Toute la journée, des spécialistes échangent et partagent leur vision de l'impact de l'I.A sur les métiers. Le député La République en marche (LRM) de l’Essonne et mathématicien lauréat de la prestigieuse médaille Fields, Cédric Villani était présent au Sommet lyonnais et a pris part aux débats.
Devant un public d'amateurs et de spécialistes, le mathématicien et élu a présenté des pistes de reflexion et la stratégie de la France en matière d'Intelligence Artificielle, reprenant ainsi des éléments de son rapport rendu au gouvernement fin mars 2018.
Les préconisations du rapport Villani
Le 28 mars dernier, Cédric Villani a remis son rapport sur l’intelligence artificielle (IA), commandé par le gouvernement en septembre 2017. Le mathématicien a mené une large réflexion sur l'IA qui, en donnant aux machines de nouvelles capacités d'analyse et d'apprentissage, promet de bouleverser le fonctionnement des industries et des services. Mais les enjeux de l'IA ne sont pas uniquement économiques. Ils sont aussi politiques et sociaux.
Le rapport Villani recommande notamment que l'Etat et les partenaires sociaux cherchent à anticiper les transformations de l'économie et les dégâts potentiels sur l'emploi par l'automatisation de tâches aujourd'hui confiées à des humains.
Le rapport s'intéresse également aux questions d'éthique, tant ces technologies, qui donnent aux machines de gigantesques pouvoirs d'analyse dépassant de loin ceux des humains, peuvent avoir des aspects inquiétants.
Alors que les technologies de l’IA progressent depuis le début des années 2010, la France est à la traîne. Le rapport Villani a identifié quatre domaines économiques particuliers où le pays doit tout particulièrement concentrer ses efforts de développement de l'intelligence artificielle: santé, environnement, transport-mobilités et défense-sécurité.
Priorité au développement de la formation, de la recherche et au partage des données
Le rapport préconise "à horizon de trois ans," de "multiplier par trois le nombre de personnes formées à l'intelligence artificielle", en formant non seulement des ingénieurs et des chercheurs mais aussi des bac +2 et bac +3. Le rapport Villani préconise par ailleurs la constitution d'un réseau d'instituts d'enseignement et de recherche spécialisé, installé dans des écoles ou universités déjà existantes, et où les passerelles public-privé seront stimulées et facilitées.
La formation est un des points abordés lors de cette rencontre lyonnaise sur l'IA.
L'autre axe prioritaire du rapport est le développement de la recherche en IA. Mais comment garder en France les jeunes experts formés sur le territoire et souvent recrutés par les grandes entreprises du Web? Le rapport propose par exemple de multiplier les bourses, mais aussi de doubler les salaires en début de carrière.« On a besoin de former nos jeunes sur l’intelligence artificielle» - @VillaniCedric #Lyon #INSEECAI2018 #LetsTalkAboutTheFuture pic.twitter.com/UCH0itRrhv
— INSEEC BS (@inseec_bs) 12 juin 2018
Faciliter la circulation des données (notamment au niveau européen) est une autre des préconisations du rapport Villani. Le député mathématicien préconise de faciliter en France et en Europe la circulation des données, la matière première dont se nourrissent les systèmes d'intelligence artificielle. Selon le rapport, dans certains cas, la puissance publique "pourrait imposer l'ouverture" de l'accès à ces données "s'agissant de certaines données d'intérêt général".
« Pour la société, le partage des données est un défi intéressant » - @VillaniCedric #Lyon #INSEECAI2018 #LetsTalkAboutTheFuture pic.twitter.com/maPioIp9f8
— INSEEC BS (@inseec_bs) 12 juin 2018
"Cette journée qui aurait pu être sous-titrée "Halte aux fantasmes !", il ne faut pas avoir peur de l'Intelligence Artificelle," explique Isabelle Barth, Directrice de l'INSEEC U et co-organisatrice de ce sommet lyonnais. "La nouveauté avec l'I.A : ce sont des systèmes apprenant évolutifs qui touchent aux professions intellectuelles. Et toute la question est de savoir comment se positionne l'Homme et l'intelligence humaine vis à vis de l'intelligence artificielle," résume-t-elle.
Isabelle Barth est l'invitée du 12/13 Rhône-Alpes.