Lyon : l’alerte des professionnels de l’urgence sociale

Les professionnels de l’urgence sociale de Lyon se disent dépassés par l'augmentation de la pauvreté. Ils accusent la préfecture du Rhône de réduire artificiellement les chiffres des personnes à la rue.

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Depuis plusieurs mois, des dizaines de tentes sont dressées dans le quartier de la Part-Dieu, une situation critique pour ces migrants sans solution de logement. Combien de personnes sont ainsi condamnées à dormir dehors ?

Pour la préfecture du Rhône, que nous avons contactée, 200 sans-abris ont été comptabilisés dans la métropole en décembre. Ce chiffre serait dix fois plus élevé selon les associations, qui dénoncent "une stratégie mensongère".

A l'instar des politiques mises en place en matière de chômage, l'Etat chercherait, selon un collectif des professionnels de l'urgence sociale, à réduire artificiellement les statistiques des personnes sans-abris. Ne sont plus comptabilisées les personnes isolées ou encore celles qui dorment sous tente ou dans des campements.

"Une mascarade"

De même, si quelqu'un refuse une fois une proposition d'hébergement, elle n'est plus comptée comme étant officiellement "à la rue" : "Il y a toujours eu une guerre des chiffres, mais il n'y a jamais eu une telle différence entre nos chiffres et ceux de la préfecture. Jamais 2000 personnes n'ont disparu comme ça", assure Virginie, membre du collectif des professionnels de l'urgence sociale. "Quand on met en place un système comme celui-ci, c'est qu'on n'a pas envie de régler le problème. On cherche à mentir aux citoyens."

Pour la préfecture, une personne qui appelle le 115 ne doit pas être automatiquement comptabilisée dans les chiffres officiels. Avant cela, il faut que les maraudes sur le terrain vérifient la situation de détresse de cette personne. "Une mascarade", dénonce Gabriel, membre du collectif.

Seules cinq équipes patrouillent chaque nuit. Il serait donc impossible d'approcher chaque personne à la rue. Ce collectif n'est pas le seul à tirer la sonnette d'alarme, le Samu social lui aussi se dit très inquiet de cette nouvelle notion de personnes "avérées à la rue". 

"Sortons de ces querelles d'épicier, cela n'a aucun sens. Gardons pour seul intérêt la condition de ces hommes et de ces femmes qui sont dans des situations absolument sordides", réclame Jérôme Colrat, directeur général d'Alynéa-Samu social.

Devant cette bataille de chiffres, le collectif qui tire aujourd'hui la sonnette d'alarme envisage de faire appel au défenseur des droits.



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