Basée à Lyon, une association dépose une plainte contre l'Etat au tribunal administratif de Paris après la décision de dérembourser l'homéopathie. Cette procédure veut défendre la "liberté de choix pour les médecins et les patients".
"Il faut que les Français se réveillent. Après ce sera trop tard et on n'aura que nos yeux pour pleurer" prévient d'emblée Isabelle Rossi, la présidente de l'APMH (Association pour la Promotion de la Médecine Homéopathique).
Dans un arrêté du 4 octobre 2019, l'État a mis fin au remboursement des médicaments homéopathiques à partir du 1er janvier 2021.
La liberté de choix pour les médecins et les patients
"Cette décision, qui viole la liberté de choix, va affecter durement la vie des patients de la médecine homéopathique, en créant une discrimination à l’endroit des plus modestes et en mettant en danger ceux pour lesquels il n’existe pas d’autres traitements", condamne l'association qui a déposé un recours en justice, en se fondant "sur de nombreux textes juridiques qui imposent notamment à l’Etat de garantir une liberté de choix pour les médecins et les patients"."L'homéopathie ne coûte pas cher"
"L'homéopathie ne coûte pas cher, donc ça ne rapporte rien aux grands laboratoires pharmaceutiques" affirme Isabelle Rossi. "On est dans un état où il n'y a plus de bon sens. Le maître mot du XXIe siècle, c'est l'écologie, c'est de ne pas polluer. Or, on sait que les médicaments sont fabriqués à base de chimie. Ils sont très polluants, que ce soit les hormones, les antibiotiques. En homéopathie, il n'y a aucune pollution, et on n'induit aucune autre maladie."La Haute Autorité de Santé est accusée par cette association de vouloir appliquer les règles qu'elle applique aux autres médicaments, avec des études randomisées. Mais selon Isabelle Rossi, "en homéopathie, on ne choisit pas un remède en fonction d'un symptôme, mais en fonction de la globalité de la personne. Les études ne peuvent pas être faites de la même façon. En Suisse, l'homéopathie est à nouveau remboursée après des études très poussées. Aujourd'hui, l'heure est très grave, puisqu'il y aura de nombreux patients qui n'auront plus accès aux soins homéopathiques. Avec un déremboursement, la TVA sera augmentée. De 2,1%, ils peuvent passer à 10 ou 20% de TVA. Et les laboratoires ne seront pas soumis à un tarif imposé par l'Etat, puisque la Sécurité Sociale impose un prix aux médicaments qui sont remboursés. Les remèdes homéopathiques risquent d'augmenter considérablement."
"Les lobbys ont eu le dernier mot"
L'avocat de l'association, Me William Bourdon, dénonce un choix idéologique discriminant pour les familles modestes : "Ça fait des années qu'il y a des lobbys en France dans la médecine traditionnelle et rétrograde, qui considèrent l'homéopathie comme de la poudre de perlimpinpin. C'est tout juste si les médecins homéopathiques ne sont pas traités de charlatans. Il y a toujours une opposition très culturelle, très clivante. Ce lobby n'a jamais désarmé et a trouvé une oreille complaisante avec ce gouvernement qui s'est exprimé à travers une procédure aussi brutale que précipitée et non-contradictoire. Une fois de plus, ce sont les lobbys qui ont eu le dernier mot."Le Ministère de la Santé relève dans son arrêté du 4 octobre 2019 "l'absence de démonstration d'une efficacité supérieure au placebo ou à un comparateur actif". Pour les autorités, l'homéoptahie n'a donc toujours pas fait ses preuves.