Le diocèse de Lyon a convoqué le 20 décembre 2018 une réunion pour préparer le procès du cardinal Barbarin, cité à comparaître pour "non dénonciation d'actes pédophiles". Inquiet des retombées médiatiques, l'Eglise recommande "la réserve" aux paroissiens approchés par les journalistes.
Le diocèse de Lyon se prépare aux retombées médiatiques du procès du cardinal Barbarin, cité à comparaître devant le tribunal correctionnel les 7, 8 et 9 janvier prochains pour "non dénonciation d'actes pédophiles" et "mise en péril" . Mgr Emmanuel Gobillard, évêque auxiliaire de Lyon, a présidé une réunion le 20 décembre 2018 à la paroisse Ste Blandine en présence de l'un des prêtres mis en cause en même temps que l'archevêque .Les questions de procédure ont été évoquées à cette occasion ainsi que la façon d'aborder le procès en présence des journalistes.
Nous sommes la veille de Noël. Devant les paroissiens de Ste Blandine, l'évêque auxiliaire de Lyon évoque le contexte d'un procès qui s'annonce très médiatique. Il livre sa propre approche :"Nous sommes tous un diocèse, une famille. On a une attention particulière pour ceux qui en ont le plus besoin, les victimes qui sont des chrétiens, des catholiques qui font partie du diocèse. Dans la famille, il y a aussi le père Preynat, dont nous croyons qu'il a besoin de changer son coeur (...) Son bien, c'est qu'il passe par la justice. La miséricorde ne peut passer indépendamment de la justice".
Des carnets intimes livrés à la justice
Mgr Gobillard rappelle la plainte contre le cardinal Barbarin déposée en 2016 par quelques-unes des victimes du père Preynat. Tout en précisant que si l'on dénombre ici 60 à 70 victimes de pédophilie, il y en a beaucoup, parmi elles, qui ne veulent pas apparaître au procès contre l'Eglise, ni dans les associations, ni dans les media.
Il y a eu, dit-il aussi, "une enquête assez fouillée". Soulignant le souci de transparence de Mgr Barbarin: "Le cardinal a livré de lui-même à la police ses carnets intimes écrits au jour le jour, dont aucune page ne manque". Une plainte classée sans suite par la justice "parce qu'il n'y avait pas d'infraction".
Méfiance vis à vis des journalistes
Le diocèse semble néanmoins redouter les questions "de journalistes qui peuvent parfois se montrer pour certains agressifs, parfois insistants". Laure Robin, chargée de communication, vient donc à la rescousse de paroissiens qui pourraient se laisser piéger par des questions "anodines" en marge du procès: "Pendant ces trois jours, ne pas commenter, garder mesure, ou en tout cas avoir une certaine réserve quant au développement de ces questions". Parmi les recommandations, "fermer la conversation" face à un questionnement qui pourrait mettre mal à l'aise : "Faites en sorte d'être relativement fermes tout en restant polis" conseille-t-elle à tous ceux qui pourraient être approchés par une caméra.
Des réponses aux questions courantes sur l'affaire Preynat sont aussi disponibles sur le site internet du diocèse. Autant d'éléments de langage disponibles en kit et qui pourront délivrer la version officielle du diocèse de Lyon sur toutes "ces questions un peu délicates".
Interviewés à la sortie de la messe du nouvel an, les fidèles de la Basilique de Fourvière affichent des positions contrastées sur ce qui est maintenant devenue l'affaire Barbarin.
Le reportage de Sylvie Cozzolino et Daniel Pajonk :