Militants, accusateurs ou encore incisifs ... des slogans féministes percutants s'exposent entre les rayonnages d'une bibliothèque municipale lyonnaise. Une exposition construite en collaboration avec le collectif "Collages Féministes Lyon". Elle est visible jusqu'au 31 décembre 2021.
"Je colle, tu décolles, il viole", "sans oui, c'est non", "mon corps, mon choix" ou encore "PMA pour toutes"... Des slogans de ce type, les Lyonnais avaient l'habitude de les voir sur les murs depuis plus de deux ans. On doit ces collages, au collectif militant "Collages Féministes Lyon". Aujourd'hui ces petites phrases choc et militantes s'étalent sans complexes entre les rayonnages de la bibliothèque de la Croix-Rousse, à Lyon, au beau milieu des livres. L'exposition a été élaborée avec le collectif.
Si les premiers collages aperçus dans les rues de Lyon dénonçaient largement les féminicides et les violences conjugales, les thèmes abordés aujourd'hui débordent largement de ce cadre. Le collectif entend "dénoncer les violences sexistes, sexuelles "LGBTQIA+phobes, putophobes, racistes, validistes, grossophobes, classistes .... dont sont victimes les femmes, les enfants et les minorités de genre". La défense du féminisme au pluriel.
Des collages plus visibles
"On a construit cette exposition dans l'idée de présenter les collages à un public qui n'était pas forcément habitué aux collages," explique Lola, militante et colleuse lyonnaise. "Nous, on colle dans la rue, on est visible dans la rue de façon très éphémère. On est aussi visible sur nos réseaux sociaux. Là, il s'agissait de toucher des personnes qui ne nous suivent pas forcément sur les réseaux sociaux mais aussi d'être dans un espace où nos collages ne seraient pas arrachés," explique-t-elle. Dans l'espace public, la durée de vie des collages est courte : environ 24 heures. Plus qu'une contestation ou une dénonciation, les collages ont aussi une vocation pédagogique : ils posent des questions, invitent à réfléchir et à aller au-delà des idées toutes faites, précise la jeune militante.
"Une grande liberté"
Une dizaine de collages de slogans féministes et des photos sont à découvrir à la bibliothèque de la Croix-Rousse. Chaque slogan est expliqué, des compléments d'informations sont également à disposition via des podcasts, des propositions de lectures sur les thèmes abordés par les slogans. C'est un espace de parole supplémentaire selon la jeune militante. "On en a profité pour écrire des textes qui sont affichés avec les slogans et qui permettent d'expliquer nos luttes au sein du collectif".
L'une des craintes de ces militants était de servir de faire-valoir à une institution "qui essayerait de se légitimer dans le féminisme". C'est pourquoi cette collaboration avec la bibliothèque municipale est inédite : "On a accepté parce que la bibliothèque nous laissait une grande liberté dans la construction de l'exposition," explique Lola. Le collectif a apprécié la démarche de la bibliothèque soulignant une réelle collaboration.
Des slogans qui "collent" à l'actualité.
Comme un écho des combats des pionnières ....
Une programmation spéciale
En 2020, le Mouvement de Libération des Femmes fêtait ses 50 ans. D'octobre à décembre 2021, le féminisme fait l’objet d’une programmation culturelle dédiée intitulée "A Corps et à cris", sur le réseau de la Bibliothèque municipale de Lyon et des bibliothèques de la Métropole.
Parmi les temps forts, la bibliothèque de la Part-Dieu ouvre sa galerie à l’exposition «En corps elles» pour une approche documentaire et artistique du positionnement du "corps féminin". Pour bâtir cette exposition, la BM de Lyon est allée dénicher des documents anciens dans son fonds et son artothèque. "L'exposition est organisée en trois partie : le corps culturel, le corps biologique et le corps social. Dans la première partie de l'exposition on va travailler sur l'image fantasmée des femmes, les codes et les normes esthétiques, les tabous et les interdits mais aussi la notion de tenues vestimentaires," énumère Anne-Laure Collomb, la commissaire de l'exposition. L'exposition ne fait pas l'économie d'un retour historique sur les luttes féministes des années 70 ou sur la question des violences. "L'idée était de rendre hommage à toutes les femmes qui ont lutté et qui luttent encore," résume la commissaire de l'exposition.