Malgré la réouverture accordée aux lieux culturels ce mercredi 19 mai, les occupants du TNP de Villeurbanne et de l'Opéra de Lyon ont annoncé qu'ils ne quitteraient pas les lieux. Des dirigeants de structures s'inquiètent.

Alors que les lieux culturels peuvent rouvrir à partir de mercredi 19 mai, les militants qui occupent de l'Opéra de Lyon et du TNP (Théâtre National Populaire) de Villeurbanne ont annoncé qu'ils ne quitteraient pas les lieux. La direction de l'opéra réclame "la reprise de la vie culturelle".

 

"Nous ne quitterons pas les lieux"

"Nous ne quitterons pas les lieux tant que l'ensemble des revendications n'auront pas été satisfaites", ont annoncé, dans un communiqué publié samedi 15 mai, les collectifs d'intermittents du spectacle et de travailleurs précaires qui occupent le TNP de Villeurbanne. A l'Opéra de Lyon, ce sont des étudiants en art, des chômeurs et des précaires qui occupent le lieu jours et nuits. Serge Dorny, directeur général de l'Opéra de Lyon, a fait part de son inquiétude ; dans un communiqué commun avec ses confrères du théâtre de l'Odéon à Paris, de La Criée à Marseille et du Théâtre National de Nice, il appelait mercredi à "lever les occupations"Alors que "les occupants de nos lieux annoncent vouloir poursuivre leur lutte (...), la culture risque désormais d'être sacrifiée par ceux mêmes qui défendaient à nos côtés son caractère essentiel", en empêchant "la reprise de la vie culturelle", alertait-il.

 

"Solidarité interprofessionnelle"

Dans les structures culturelles occupées, les protestataires posent néanmoins de nombreux préalables à la levée de leur action. Bien qu'ils aient obtenu la prolongation de l' "année blanche", qui assure le paiement des allocations des intermittents jusqu'à la fin de l'année, les manifestants poursuivent leur mobilisation contre la réforme en cours de l'assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur cet été, et dont le mode de calcul sera, selon eux, moins favorable aux travailleurs précaires : "on se bat aussi pour les intermittents de l'emploi", explique Floriane Durin, membre du Collectif Unitaire 69. "Cette réforme touchera certains métiers du spectacle, et surtout beaucoup d'autres métiers précaires avec lesquels on est en lien, comme les travailleurs de l'hôtellerie-restauration, qui alternent les contrats courts, et n'ont pas le régime de l'intermittence pour les protéger". En évoquant la "solidarité interprofessionnelle",  les syndicats, collectifs et militants mobilisés demandent aussi, entre autre, "la prolongation de l'année blanche pour tous les intermittents de l'emploi".

 

Quid des spectacles ?

A l'Opéra de Lyon, les représentations sont compromises, l'occupation perturbant l'organisation du site. Au TNP, la direction ne souhaite pas s'exprimer sur la possibilité ou non de maintenir les spectacles malgré l'occupation. Mais le problème ne se pose pas dans l'immédiat, car le prochain spectacle n'est prévu qu'à partir de la fin mai. Par ailleurs, l'occupation n'empêchera pas forcément les représentations : "ils n'occupent pas la grande salle ni le petit théâtre", constate une membre de l'équipe. "On ne sait pas s'ils vont bloquer les spectacles, et la situation peut évoluer, mais pour l'instant, techniquement, on pourrait jouer," avance-t-elle. Côté militants, le discours se veut également apaisant : "l''idée pour l'instant, c'est de ne pas bloquer les représentations", confie Floriane Durin. "Ce serait compliqué pour nous de se dire qu'on bloquerait les copains qui n'ont pas eu de boulot pendant des mois, donc ça, on ne le fera pas". La militante évoque d'éventuelles prises de parole avant les spectacles. "Ce qui est sûr, c'est que le TNP est désormais ouvert, c'est une sorte de maison du peuple auto-gérée, où on peut rentrer, se documenter, discuter, et ça on veut le maintenir", affirme-t-elle. 

 

Le gouvernement tente de temporiser

De son côté, le gouvernement demande lui aussi une levée des occupations, et fait valoir les mesures mises en places pour soutenir l'ensemble du secteur culturel. Le 11 mai dernier, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, et celle du travail,  Elisabeth Borne, ont présenté un ensemble de mesures en faveur des intermittents, comprenant des dispositifs de soutien, des aides spéciales pour les jeunes intermittents et 30 millions d'euros supplémentaires pour l'emploi. Auprès de nos confrères de France Inter, Roselyne Bachelot a évoqué la possibilité d' "adapter le système" : "Nous avons choisi le système le plus protecteur pour les intermittents. (...) 75% d'entre eux ont déjà leurs droits reconstitués, et ça va être beaucoup plus. Mais on va regarder de manière régulière, avec des clauses de revoyure, et s'il faut adapter le système, nous l'adapterons."

Quant au dossier de la réforme de l'assurance chômage, le gouvernement a signalé qu'il avait déjà reporté une partie des mesures contestées dans un contexte de crise liée au Covid-19. En revanche, d'autres mesures, comme la dégressivité des allocations chômage pour les hauts revenus, devraient bien entrer en vigueur le 1er juillet prochain.

 

 

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