L'escale solidaire ressemble au dernier café à la mode au coeur du très chic 6e arrondissement. Mais dans ce lieu d'un genre nouveau tout le monde peut manger pour 2 euros et participe à l'élaboration des repas. Une nouvelle approche de solidarité pour favoriser l'entraide et le faire-ensemble.
L'escale Solidaire est un lieu ouvert à tous sans condition. A l'heure du déjeuner ou du dîner il suffit de passer la porte, de payer 2 euros minimum et de donner un coup de main pour s'attabler avec les visiteurs de passage.
Dans ce café du 6e arrondissement de Lyon se croisent des bénévoles, des habitants du quartier et des personnes dont la précarité ou l'isolement nourrissent parfois un sentiment de se sentir à part.
Dominique Strippoli nous a reçu chez lui. Souvent seul, avec une vie qu'il qualifie de fracassée il vit dans un studio en logement social à Villeurbanne.
" Je n'ai pas beaucoup de visites. J'ai eu une vie mouvementée explique-t-il. Aujourd'hui, je suis retraité, je n'ai pas d'enfants et je suis seul, c'est un choix. Mais cette solitude, parfois elle est pesante et elle me pousse à me replier sur moi même."
Dominique n'a pas de problème à dire qu'il plonge parfois dans de grandes périodes de dépression. Des journées sans but, au cours desquelles il devient inaccessible aux autres, au monde, à ce qui l'entoure.
S'il nous a reçu chez lui c'est pour nous montrer l'importance de ses sorties quotidiennes depuis trois mois. Chaque jour, il se rend rue Tronchet, à l'escale solidaire .
Faire ensemble
Ici tout le monde est sur un pied d'égalité, et quand on prépare le repas ou qu'on discute au dessert, personne ne cherche à savoir qui est qui.
Le partage et la convivialité sont les leitmotivs de cette initiative. Chacun est invité à participer. Vivre ensemble devient ainsi "faire ensemble" insiste Antoine Dulin, coordinateur du projet pour Habitat et Humanisme.
" J'aide à mettre le couvert, à faire la vaisselle s'il le faut" raconte Dominique en posant des serviettes en papier sur de grandes tablées qui ont quelque chose de familial.
" On a beaucoup de résidents accompagnés par Habitat et Humanisme logés dans le quartier, et dans les arrondissements voisins" précise Antoine Dulin.Ici plusieurs mondes peuvent faire connaissance et créer des liens
"Notre but c'est de trouver des outils pour qu'ils ne soient pas seulement résidents mais bien habitants du quartier.
Nous défendons l'idée d'une mixité sociale au sens de la rencontre.
Ici plusieurs mondes peuvent faire connaissance et créer des liens."
Pas seulement une table d'hôtes
" Ce n'est pas simplement une table d'hôte tient-il à ajouter.
On sait que certains viennent ici car c'est leur seul repas de la journée mais il y a aussi beaucoup d'ateliers autour de la culture, de la vie quotidienne, de l'emploi"
En un an sept autres escales solidaires doivent ouvrir leurs portes dans la Métropole du Grand Lyon. Une expérimentation qui pourrait se développer dans toute la France.