Moussa Camara écope d'une condamnation à deux mois de prison ferme. Une peine prononcée mardi 12 juin à Lyon. Ce ressortissant guinéen se dit menacé de mort dans son pays parce qu'il est homosexuel. Sous le coup d'une expulsion, il avait refusé d'embarquer pour Conakry début mai.
Artiste de cirque, Moussa Camara était arrivé en France en 2015 avec une autorisation temporaire de travail. Sa demande d'asile avait été rejetée en 2017. Le 3 mai dernier, il avait refusé d'embarquer à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry pour Conakry. Il affirme que son compagnon a été lynché par sa famille en Guinée. Il affirme avoir quitter le pays pour fuir les persécutions contre les homosexuels. En Guinée, l'homosexualité est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison. Son refus d'embarquer l'a conduit devant le tribunal correctionnel de Lyon pour être jugé en comparution immédiate.
A l'audience : un problème d'interprète
Le procès de Moussa Camara était initialement prévu en mai. L'audience avait été reportée en l'absence d'un interprète en langue soussou. Or, la traductrice appelée à la barre du tribunal correctionnel de Lyon parlait plusieurs langues de l'Afrique de l'Ouest mais pas le soussou, langue natale du jeune homme. L'avocate de la défense, Me Florence Alligier, a demandé le report de l'audience. Une demande rejetée. Le tribunal a décidé d'examiner l'affaire, estimant que Moussa Camara avait "une connaissance suffisante de la langue française". L'avocate, qui a quitté la salle et fait appel au Bâtonnier du Barreau de Lyon. Me Florence Alligier a décidé de faire appel.
Condamnation à de la prison ferme
Le jeune homme de 30 ans a été condamné à deux mois de prison ferme et deux ans d'interdiction de territoire. En détention provisoire depuis un mois, Moussa Camara est retourné en prison.
Pour la Lesbian and Gay Pride de Lyon, "cette décision est inhumaine. Elle a été prise au cours d'une audience ahurissante et au mépris des droits les plus élémentaires de Fodé-Moussa Camara". Pour dénoncer cette décision et apporter leur soutien au jeune Guinéen, la même association "organise samedi, vers 14h30, un sit-in juste avant le départ de la 23e marche des fiertés LGBTI, Place Bellecour".