Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant la grande famille des musiciens de la région Auvergne Rhône-Alpes pleure sa disparition. Le contrebassiste lyonnais Stéphane Rivero est mort le 14 avril 2021. Ses obsèques ont eu lieu ce vendredi, dans le nord Isère.
Stéphane Rivero est décédé à l'âge de 50 ans des suites d’un cancer contre lequel il se battait depuis plus d’un an.
Les hommages pleuvent sur les réseaux sociaux car ce contrebassiste était sur scène un accompagnateur réputé, il avait joué notamment avec le célèbre pianiste René Urteger, ou le saxophoniste danois Martin Jacobsen, mais il était aussi un pédagogue aimé de ses élèves des écoles de musique de Saint Fons, Limonest ou Ecully, doublé d’un homme au grand coeur.
« Il y a dix ans, on cherchait une perle rare et on l’a trouvée » raconte ému Norbert Gelsumini, directeur de l’école de musique de Saint Fons.
On a recruté Stéphane pour le département jazz de notre école de musique. Il savait mieux que quiconque transmettre sa passion pour cette musique souvent incomprise. Et ses élèves l’adoraient. Il va nous manquer. La veille de sa mort, il prenait encore des nouvelles de chacun.
Stéphane Rivero était un amoureux du blues et du jazz. Cette musique dissonante qu’il aimait expliquer, transmettre et jouer notamment sur la scène du HotClub de Lyon, le plus vieux club de jazz d’Europe. Il en était l’un des plus actifs bénévoles. Il laisse un grand vide.
"Stéphane était de ceux qui savent créer des liens dans ce petit monde du jazz. Au Hot, il accueillait les musiciens mieux que personne", témoigne Olivier Truchot, pianiste, membre du HotClub de Lyon.
Jean-Salim Charvet, jeune et brillant saxophoniste lyonnais, boursier de l’université de Berkeley aux Etats-Unis, n’oubliera jamais que Stéphane Rivero lui a permis de jouer au Hot Club alors qu’il n’avait que 15 ans !
« Sa passion et son amour pour cette musique et la culture qui va avec, ainsi que sa générosité notamment avec les musiciens plus jeunes m'inspirera toujours, et l'idée de rentrer en France et de ne plus croiser son habituel sourire et sa bonne humeur au Hot Club et aux jams ici et là me bouleverse profondément. Tu vas nous manquer Stéphane, repose en paix, » écrit Jean-Salim Charvet qui lui rend un hommage appuyé sur sa page Facebook.
Stéphane avait co-fondé la Clef de Voûte, ce lieu incontournable du jazz des pentes de la Croix-Rousse.
Infatigable, il enchaînait les concerts et les jams, du Hot Club de Lyon à la scène Cybèle de Jazz à Vienne, avec ce sourire et ses cheveux longs immédiatement reconnaissables. C’est probablement son seul défaut vraiment connu, cette boulimie de projets musicaux, avec ses coups de gueule contre toute forme d’injustice.
Avec le guitariste Jean-Louis Almosisno, professeur au conservatoire de musique de Lyon, il adorait jouer. C’est avec lui qu’il a enregistré ses dernières notes dans un hommage à Duke Ellington.
Stéphane Rivero, contrebassiste, est allé rejoindre les étoiles. Il s'est battu comme un lion, mais la maladie a été la plus forte. C'était un ami, un frère, un homme exceptionnel qui a fédéré un nombre de musiciens et d'amis comme personne.
Le batteur Stéphane Ranaldi connaissait le contrebassiste depuis son arrivée à Lyon, il y a une trentaine d’années lorsque qu’il était en fac de musicologie. "Il jouait alors de la basse électrique. On a monté un premier groupe « 31 novembre » avec un premier CD enregistré au caveau de Saint-Fons (à l’époque il y avait un studio d’enregistrement) et puis un deuxième groupe « New Walking Blues ». C’est avec ce groupe que Stéphane a découvert le plaisir d’être en tournée. Ça a été un moment marquant de sa vie. Puis il est rentré au conservatoire régional en jazz et il a découvert la contrebasse".
Et ce batteur ami de toujours, ajoute : "Stéphane portait toujours les projets à bras le corps et à bras le cœur. Il va nous manquer".
Le contrebassiste faisait également partie des musiciens du Assaï Jazz Trio. Leur dernier album, remarquable, porte le nom d’un titre qu’il avait écrit : Brumes.
Stéphane Rivero, isérois de père espagnol, a été inhumé ce vendredi 16 avril 2021 en Isère, à Notre-Dame-de-l’Osier. Une vingtaine de musiciens ont pu jouer en son honneur à l’extérieur. Sa contrebasse est désormais orpheline, et elle n’est pas la seule. Le Hot Club de Lyon organisera dès que ce sera possible un concert pour lui jusqu’au bout de la nuit.