Pierre Truche était le procureur général au procès de Klaus Barbie en 1987. Il est mort à Lyon à l’âge de 90 ans des suites d’un cancer samedi 21 mars.
L’ancien magistrat Pierre Truche est mort à l'âge de 90 ans à Lyon des suites d’un cancer, samedi 21 mars.
Il était le procureur général au procès de Klaus Barbie en 1987. Il a été nommé ensuite procureur général près la cour d’appel de Paris, puis procureur général près la Cour de cassation, qu’il a présidée de 1996 à 1999.
Le Procès de Klaus Barbie a eu lieu devant la Cour d'assises du Rhône en juillet 1987. Il a abouti à la réclusion criminelle à perpétuité pour Klaus Barbie. C'était le premier procès tenu en France pour crime contre l'humanité. 113 associations et particuliers étaient alors partie civile, devant 900 journalistes. L'intégralité du procès avait été intégralement filmé.
Les ministres de la justice et de la culture ont rendu le dossier librement communicable en 2017 par un arrêté.
Prison à perpétuité
Klaus Barbie a été condamné à une peine de prison à perpétuité pour la rafle de la rue Sainte-Catherine en février 1943, pour le dernier convoi parti de la gare de Lyon-Perrache et dans lequel se trouvaient 650 détenus de la prison de Montluc, juifs et résistants, envoyés vers les camps de la mort. Il a également été jugé pour la rafle de la maison d’Izieu en avril 1944, durant laquelle 44 enfants juifs et 7 adultes ont été déportés.
"La nécessaire humanité du magistrat"
Parmi ses prises de position, il était favorable à la suppression du lien entre le parquet et le gouvernement en matière de politique pénale, ainsi que pour la fin du juge d'instruction: "il n'est pas sain d'instruire et de juger en même temps", disait-il.
"Par ses discours et ses interventions, il a marqué des générations de magistrats sur la nécessaire humanité du magistrat face aux autres et à lui-même", a déclaré Nicole Belloubet la garde des Sceaux dans un communiqué.
Selon elle, Pierre Truche "restera l'homme de conviction, qui (...) a puissamment porté l'accusation contre la barbarie", souligne-t-elle. "En requérant qu'à vie soit reclus un criminel contre l'humanité, il a contribué à ce que chacun se souvienne des heures sombres qu'a traversé notre pays. Sa contribution décisive à la définition du crime contre l'humanité a forgé les armes du combat nécessaire contre ces fléaux que sont le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme", a-t-elle ajouté.