Lyon : une famille lyonnaise d'origine afghane bloquée à Kaboul

Le 22 juillet, un commerçant lyonnais, ses 3 enfants comme lui de nationalité française et sa femme afghane, arrivent à Kaboul pour un séjour dans la famille. Après la chute du régime et le départ des américains, ils tentent en vain d'accéder à l'aéroport.

Le 22 juillet dernier, un commerçant lyonnais d’origine afghane, se rend à Kaboul avec sa famille : sa femme et leurs trois enfants dont certains en bas-âge. De nationalité française, ils viennent rendre visite à leur famille. Les semaines passent alors que les Etats-Unis mettent en œuvre le départ de leurs troupes. Mais sur le moment, rien qui n’inquiète Shapour et son entourage. Le gouvernement afghan tente de rassurer les internationaux dont ils font partie. Les semaines passent et la mâchoire talibane se referme peu à peu sur la capitale. Pris au piège, ils ne sont plus en mesure de quitter le pays et de rentrer en France. 

A Lyon, son associé, arrivé en France en 2014, ne cache pas qu’il était inquiet de la situation dès la mi-juillet. « Je lui avais conseillé d’annuler les billets prévus pour les vacances, je pressentais que les choses allaient mal se passer en Afghanistan, d’après ce que je pouvais entendre à la radio et à la télé. Les talibans avaient pris le pouvoir dans les provinces du nord, c’était une situation incertaine. Personne ne pensait que l’état tomberait aussi vite », estime Mustafa Mehraban, l’associé de Shapour dans le magasin alimentaire qu’ils tiennent à Lyon.

Les billets de retour avaient été pris pour le 29 août

Depuis le 25 aout, Shapour et sa famille commencent à s’inquiéter alors qu’aucune perspective de retour immédiat ne se fait sentir. Quand le patron du restaurant Azur, situé derrière la mairie du 4e arrondissement à Lyon, pourra -il goûter à nouveau les saveurs de la liberté ? Nul ne peut le dire. Les Afghans ne peuvent quitter le pays par voie terrestre. Impossible de rallier les pays frontaliers depuis lesquels se rendre à Dubaï. Quant à la voie aérienne, la seule envisageable à terme, elle n’est pas ouverte pour l’heure : les vols internationaux n’ont pas repris, et cela pourrait se faire au compte-goutte pour les ressortissants étrangers qui veulent quitter l’Afghanistan. Shapour a adressé un mail au ministère des Affaires étrangères, mais en vain. Il n’a pas reçu ni de réponse ni d’accusé de réception. L’avocat de la famille à Lyon le déplore fortement : « La manière dont le Quai d’Orsay communique avec les ressortissants français sur place est insuffisante.  Il y a une absence totale de prise en compte de l’angoisse qu’entraîne une telle situation. Ces familles, celle que je représente notamment, ont besoin de réconfort de la part des autorités françaises », insiste Me Fabrice Sannier.

« On sent que l’angoisse commence à monter »

Tous les jours, l’avocat essaie d’entrer en relation avec ses clients. « Pour l’instant, ils sont relativement sereins, explique l’avocat. Cela tient à la constitution de la famille. Ce ne sont pas des gens qui s’affolent facilement. Mais au fil des semaines, on sent que l’angoisse pourrait prendre le dessus. Ils ne sortent pas pour ne pas laisser de trace,  ils laissent leur famille aller à la recherche des informations. » Quand pourraient-ils rentrer ? La semaine prochaine, évoque l’avocat, mais sans certitude. Mustafa Mehraban, l’associé de Shapour, a essayé de trouver des vols sur les deux compagnies qui desservent la capitale afghane depuis la péninsule arabique. Mais  tant chez Fly Emirates que sur Fly Dubaï, « il n’y a aucune place disponible avant la fin du mois de septembre… »

Probablement pas de retour avant la fin septembre

Courant août, après le départ des troupes américaines, la famille de Shapour a bien tenté d’accéder à l’aéroport pour prendre l’un des vols mis à disposition des ressortissants étrangers. Mais après 20 heures d’attente sur place, il n’a pu accéder à l’aérogare, encore moins au tarmac. Début septembre, la situation parait plus confuse qu’elle ne l’était ces dernières semaines, malgré les propos rassurants des autorités françaises. En contact avec l’avocat de la famille, un fonctionnaire du Quai d’Orsay reconnaît que la visibilité est quasi nulle. « Nous n’avons pas de certitude sur les délais pour aboutir.  Car il n’y a plus d’autorités françaises sur place et les décisions dépendent du bon vouloir des autorités locales. » Pour Shapour et sa famille, il va probablement falloir s’armer de patience et de sérénité. 

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