Maltraitance et harcèlement scolaire : une boîte aux lettres pour recueillir les témoignages des enfants à Lyon

Près d'un million d'enfants sont victimes de harcèlement scolaire chaque année en France. Un drame national auquel l'association Les Papillons tente de faire face. Elle met en place des boîtes aux lettres pour libérer la parole des enfants sur le harcèlement scolaire et autres violences qu'ils subissent. Exemple à Lyon.

Depuis le mois de septembre, une boîte aux lettres spéciale est installée à l'intérieur du Gymnase Colbert du 8e arrondissement de Lyon. "Si tu ne peux pas le dire, écris-le", peut-on lire sur le panneau qui l'encadre. En cas de maltraitances, de violences sexuelles ou de harcèlement scolaire, les enfants peuvent y glisser leur témoignage secrètement.

Un lieu privilégié

L'initiative, mise en place par l'association Les Papillons, a été coordonnée par le Comité régional d'escrime dans ce gymnase. "Nous intervenons dans le cadre du plan d'intervention de prévention des violences et des discriminations dans l'escrime", confirme Laurence Rakoute, cadre technique sportive (CTS) auprès du comité d'escrime de la région Auvergne-Rhône-Alpes et personne ressource sur le projet.

Dans la salle, se croisent des centaines de jeunes chaque semaine. "Des élèves du centre de formation d'escrime, des filles et des garçons âgés de 15 à 18 ans, se rendent deux fois par jour dans cette salle, explique Laurence Rakoute, nous n'avons pas de visibilité sur ce qu'il se passe au lycée ou dans leur internat donc cela nous a semblé utile de positionner une boîte dans leur lieu d'entraînement".

Le gymnase accueille le club "la Compagnie d'armes de Lyon", des compétitions mais aussi des écoles du primaire. "Nous n'avons pas choisi ce lieu par hasard, confirme Laurence Rakoute, beaucoup d'enfants le fréquentent".

Des boîtes aussi virtuelles

Ce dispositif a été imaginé par l'association Les Papillons. La structure nationale lutte depuis 2019 contre toutes les violences infantiles et a essaimé dans les départements il y a bientôt trois ans. "Nous sommes en lien avec les écoles, les municipalités mais aussi directement avec les clubs sportifs grâce à une convention signée avec le ministère des Sports", explique Corentin Cacciaguerra, référent de l'association dans le Rhône.

Les boîtes se trouvent dans des lieux faciles d'accès pour que les enfants puissent s'exprimer sans crainte. Au Gymnase Colbert, elle se situe dans un couloir proche des vestiaires et des toilettes. Un lieu à l'abri des regards, derrière des portes battantes, où les enfants peuvent déposer leurs mots en toute discrétion.

"Le courrier est relevé deux fois par semaine par une personne référente, par exemple qui travaille dans l'administration du club et n'est pas en contact avec les enfants ou directement par des policiers municipaux, détaille Corentin Cacciaguerra, c'est essentiel pour éviter le conflit de confidentialité". Seule obligation : laisser son prénom et son nom pour être recontactés.

"Les jeunes du centre de formation ont été sensibilisés en premier, les plus petits le seront ce mois-ci. On leur explique ce qu'est une situation de violence ou de harcèlement et le fonctionnement des boîtes aux lettres.", rapporte L. Rakoute.

Les Papillons proposent aussi des offres virtuelles. Avec un QR code à scanner sur la boîte aux lettres, les jeunes ont accès à un dépôt en ligne, hébergé sur le site de l'association.

Signalement au procureur

Les mots des enfants sont ensuite analysés par un pôle spécialisé de l'association Les Papillons composé de psychologues, épaulés de professionnels de la protection de l'enfance comme des policiers ou des assistantes sociales.

"Ils évaluent le degré de danger et peuvent décider d'une convocation des parents, de saisir les Cellules de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP) des départements concernés, ou dans le cas d'une information préoccupante, de faire un signalement directement au procureur de la République", explique Corentin Cacciaguerra.

Le dispositif fait ses preuves. "Dans l'Ain, installer la boîte dans une école a permis à une maîtresse de réaliser l'ampleur de la souffrance d'un élève victime de harcèlement scolaire. Ce qu'elle pensait être des 'blagues' entre élèves avait pris une proportion énorme et une fratrie était concernée.", relate Corentin Cacciaguerra.

D'autres municipalités dans le Rhône seraient intéressées pour mettre en place ces boîtes, pour un coût de 250 euros la première année. Au total, 160 boîtes sont installées en France.

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