Le député de la 2e circonscription du Rhône Hubert Julien-Laferrière a fait la promotion à l'Assemblée Nationale d'une cryptomonnaie africaine qui s'avère être une arnaque. Le lobbyiste qui l'a influencé est le même que celui qui a proposé des sujets clé en main au journaliste de BFMTV Rachid M'Barki. M. Julien-Laferrière plaide la naïveté.
C'est affaire révélée par nos confrères de Libération et Mediapart. Il y a un an, le 23 février 2022, Hubert Julien-Laferrière s'exprime devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale en ces termes à propos d'une cryptomonnaie africaine: "je voudrais vous faire part des impressions que j'ai eues en écoutant une émission de RFI tout récemment sur le rôle des cryptomonnaies dans les pays en développement. RFI montrait l'exemple de cet entrepreneur camerounais, Emile Parfait Simb qui a développé une monnaie alternative, le Limocoin, avec le projet de créée une nouvelle ville autogérée sur les rives de l'océan Atlantique."
Dans son intervention, le député se réfère à un reportage de RFI. Mais dans un article paru quelques mois avant, la radio internationale évoquait une visite de l'homme d'affaires Emile Parfait Simb à Bangui qui faisait polémique. Ses produits financiers avaient déjà la réputation d'être frauduleux.
Le mal est fait, et Emile Parfait Simb s'en vante sur les réseaux sociaux comme le révèle Libération.
Si Hubert Julien-Laferrière a parlé du Limocoin, c'est sur le conseil de Jean-Pierre Duthion, un lobbyiste. Celui-là même qui a semé le trouble il y a un mois dans la rédaction de BFMTV en donnant des sujets clé en main au journaliste Rachid M'Barki.
Hubert Julien-Laferrière admet être "parfois naïf" auprès de nos confrères. Nous l'avons contacté pour en savoir plus. Il dément que l'influence de Jean-Pierre Duthion soit allée plus loin. « Vous ne trouverez aucun de mes propos en commission ou à l’Assemblée inspirés par cet homme » assure-t-il. Il reconnaît «l’avoir rencontré. Cet homme m’a intéressé car il avait notamment une bonne connaissance de la Syrie. Il reconnait qu’il l’a sensibilisé sur les crypto-monnaies dans le cadre d’une réflexion sur les aides publiques au développement.» Il poursuit, «je reconnais que j’ai fait preuve de maladresse quand j’ai parlé de la France qui pourrait « accompagner » le développement de ces crypto monnaies. Je ne voulais pas dire soutenir mais participer à ce mouvement.»
« Je n’ai reçu qu’un seul don dans le cadre de ma campagne électorale. Il s’agit de 200 euros d’un habitant du 9e arrondissement. Tout le reste je l’ai financé moi-même » affirme le député.