Le retour du mauvais temps fait des heureux : Jordan Vega est chasseur d’orages. Ce Lyonnais de 27 ans a ressorti son appareil photo et depuis mercredi il traque les éclairs dans le ciel rhônalpin. Sa première prise : un tuba du côté de Feyzin.
Il chasse la foudre avec son appareil photo et dire qu’enfant il avait peur des orages ! Ceci explique peut-être cela ? Jordan Vega, ce jeudi 4 juin, est en chasse. Hier a été une mauvaise journée : pas d’éclair à capter, aucune tornade à immortaliser. Le photographe est rentré bredouille. Alors ce matin, dans son lit, quand il a entendu le tonnerre lui faire du pied, il a décidé d’y retourner. Bingo! En fin de matinée, un tuba du côté de Feyzin l’attendait :
«Ça impressionne toujours un peu. Quand on est face à des monstres, on a des sensations difficiles à décrire. C’est très impressionnant. Tout à l’heure, quand je voyais ce tuba descendre petit à petit, j’étais dans l’euphorie, on vit le truc, on le ressent. C’est intense».
Depuis plus de 10 ans, ce Lyonnais pratique la chasse aux orages. Il traque les nuages seul ou avec d’autres photographes du coin, des amis avec qui, aujourd’hui, il part en vacances là où les cieux sont capricieux. Armé de son Nikon D610 et de son trépied, Jordan a sillonné l’Europe. C’est en Sicile qu’il a eu sa plus grande émotion, mélange d’adrénaline et de jubilation devant une trombe marine qu’il a fallu figer :
«En septembre dernier, j’ai pris en photo une trombe marine qui a touché terre et qui a fini en tornade sur quelques centaines de mètres. On était vraiment devant, à même pas 100 mètres… Les éléments, ce sont eux qui sont les plus forts. Nous, on est juste spectateurs».
« Je suis foudre avant tout »
Avant de se mettre à la photo Jordan a appris la météo. Températures, point de rosée, satellite… Il maîtrise les outils et données scientifiques, un vrai prévisionniste. Ce jeudi après-midi, son terrain de jeu sera l’Est lyonnais :
«C’est le lieu le plus propice aujourd’hui. Comme j’ai déjà vu un tuba, aujourd’hui je peux espérer en voir un deuxième mais ce que j’espère voir ce sont surtout des éclairs. Je suis foudre avant tout! »
Cette passion prend beaucoup de place dans la vie de Jordan. Loisir saisonnier, la chasse aux orages se pratique dans la région essentiellement de mai à fin septembre. Ne calez aucun rendez-vous avec lui un jour de tonnerre, vous seriez trempés de la tête aux pieds sans l’avoir jamais rencontré.
Même dans les moments sacrés, le chasseur peut s’éclipser pour une tornade en ligne de mire: «Il y a 6 ans, j’avais le mariage de mon frère qui est tombé en plein mois de juillet et au même moment il y avait une énorme situation orageuse. C’était un gros dilemme. J’étais présent à la cérémonie et au vin d’honneur et après à contre coeur je suis parti pour aller chasser. J’étais témoin donc c’était un peu compliqué ! Sur le moment, ce n’est pas très bien passé mais après mon frère a compris… Vraiment, ça me rend malade quand j’en loupe ».
Ce jeudi, Jordan s'en est allé chasser du côté de Bourgoin-Jallieu en Isère. Mais il ne rentrera pas tard. Vers 22h le risque orageux se sera estompé.