Depuis la mort de George Floyd aux Etats-Unis, le débat sur les violences policières est revenu sur le devant de la scène. Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, a annoncé des mesures. Mais qu'en pense Michel Neyret, l'ancien patron de la Police Judiciaire de Lyon ? Réponses...
Michel Neyret a 35 ans de métier dans la Police à son actif. Certes, il était de la PJ, s'occupait essentiellement d'affaires liées à la grande délinquance et à une forme de "criminalité très aboutie". Certes, il a quitté ses fonctions après une condamnation pour corruption, il n'empêche que l'ancien patron de la Police Judiciaire de Lyon a accepté de nous donner son avis sur le vaste débat des violences policières.
On est en train de placer les services de Police dans une sorte de cocon où leur intervention va être fragilisée. Le risque c'est que des policiers soient inhibés dans leur action face à des individus qui vont se débattre et vont pouvoir prendre la fuite, parce que les policiers auront relâché leur étreinte pour ne pas être poursuivis devant la justice au motif de violences policières.
La priorité d'un policier, c'est de neutraliser un malfaiteur. Et pour intervenir, il met en application les techniques apprises durant sa formation, explique Michel Neyret. "La fermeté et l'usage d'une force légitime sont inhérentes au métier, et doivent être appliquées de manière raisonnée".
Celui qui fût "le super flic de Lyon", dit n'avoir jamais pratiqué la méthode dite de l'étranglement. La mort de George Floyd sous le genou d'un policier à Minneapolis ? "C'est un meurtre, évidemment. Il y a là un emploi de la force totalement démesurée. Mais faire l'amalgame sur le racisme au sein de la Police, entre ce qui se passe aux Etats-Unis et ce qui se passe en France, me semble indécent.", nous déclare Michel Neyret.
"Il faudrait aussi montrer les images de ce qui précède les interpellations"
Dans ce débat sur les violences policières, Michel Neyret souhaiterait voir apposer les images des "violences urbaines". Les images de ce qui précède les interpellations.
Aujourd'hui, lorsqu'il y a une intervention, les policiers ont souvent affaire à des individus qui essayent de se débattre, de se soustraire et un gardien de la paix doit alors faire usage d'une force légitime pour pouvoir le maîtriser. C'est incontournable. Il est bien difficile de donner un canevas précis aux policiers qui interviennent pour obtenir la maîtrise totale de quelqu'un qui se débat et cherche à fuir.
Au lendemain de plusieurs rassemblements contre les violences policières, Christophe Castaner a fait plusieurs annonces : la méthode d’interpellation policière controversée de la "prise par le cou, dite de l’étranglement sera abandonnée", a notamment annoncé le ministre de l'Intérieur. Il a également exigé une «tolérance zéro» contre le racisme au sein des forces de l’ordre.