"Mobilisation générale pour la Justice" : Magistrats, avocats, greffiers lyonnais dénoncent le manque de moyens de la justice qui génère de la souffrance

Les robes noires voient rouge. Les acteurs du monde judiciaire sont en souffrance et tiennent à le faire savoir ce mercredi 15 décembre. Toute la journée, les magistrats qui le peuvent vont renvoyer leurs audiences. Un rassemblement est prévu à la mi-journée dans la salle des pas perdus au tribunal de grande instance de Lyon. Comme partout en France, ils sont rejoint dans leur mouvement par des associations d'aide aux victimes.

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C’est assez rare pour être souligné, le mouvement de protestation de ce mercredi 15 décembre est le fruit d’une entente inter-syndicale et inter-professionnelles. Magistrats, avocats et greffiers mais aussi associations d’aide aux victimes dénoncent d’une même voix les moyens insuffisants alloués à la justice.

A Lyon, toute la journée, les magistrats qui le peuvent renverront les audiences à une date ultérieure. Ils se sont rassemblés à la mi-journée dans la salle des pas perdus.

Souffrance au travail  

Le 23 novembre dernier, 9 jeunes magistrats envoient au quotidien « le Monde » une tribune.

Les termes employés sont forts et résonnent avec le mal-être de nombreux magistrats. Ils expliquent pourquoi fin aout, Charlotte, 29 ans, magistrate «itinérante», appelée pour compléter des effectifs, se suicide.

Elle avait pourtant alerté ses collègues sur la souffrance que lui causait son travail. Comme beaucoup, elle a travaillé de nombreux week-ends et pendant ses vacances. Les conditions de travail éprouvantes et une injonction à aller toujours plus vite ont eu raison d’elle.

Beaucoup de magistrats se sont reconnus dans ces mots et ses maux.  

Véronique Drahi, représentante régionale de la magistrature, en poste à Lyon confirme : «Année après année, on a commencé à s’habituer aux conditions de travail déplorables. On a fini par accepter l’inacceptable ».

 « La justice est un service public à l’abandon ».  

Les revendications sont multiples. Le manque de moyen matériel s’ajoute au manque de moyen humain.

Pour Véronique Drahi, une privatisation du droit se profile. « Le droit français n’est pas le droit anglo-saxon, c’est une mission régalienne importante». Elle déplore que son idéal de justice s’efface peu à peu. «Nous sommes là pour apaiser les conflits, appliquer le droit». La caricature d’une justice lente, laxiste blesse les magistrats. « Nous ne sommes pas lents, nous manquons de moyens. Nous ne sommes pas laxistes, le droit est complexe". Elle estime que l’exécutif et notamment le chef de l’état doivent se positionner en garant de la justice. Pour elle, ce n’est pas le cas. « La plupart des critiques font preuve de mauvaise foi. Ce sont des critiques politicienne, vraiment pas à la hauteur de l’enjeu ».  

«TOUTE la communauté judiciaire connait des difficultés.»  

L’association Sauvegarde 42, membre du réseau France victimes, s’associe au mouvement de mobilisation au palais de justice de St Etienne.

"Par ricochet, ces difficultés se font ressentir également pour les 130 associations de France Victimes, qui participent à la politique publique d'aide aux victimes depuis plus de 40 ans." indique Maryse Le Men Régnier, présidente de la Fédération France Victimes. 

Une démarche solidaire qui ne surprend pas Véronique Drahi. «Les associations d’aide aux victimes voient bien nos conditions de travail. La quantité de dossiers sur le bureau à traiter dans des délais toujours plus courts, forcément les associations partagent notre constat.» Elle attire l’attention sur le personnel du greffe, «Les greffiers sont les garants de la procédure, c’est comme un soin à l’hôpital, comme si l’impossible était demandé à une infirmière, soigner un patient sans moyen, sans délais ! »  

« Les états généraux de la justice étaient à la limite du mépris »

Pour l’ensemble des acteurs judiciaires il est indispensable que la justice reste indépendante. «En organisant ces états généraux, l’exécutif a évacué la problématique, les questions étaient orientées. C’était une façon de dire, «-Nous avons agi.», mais non, les états généraux de la justice étaient à la limite du mépris.» 

Les magistrats exigent une nouvelle note du ministre, Eric Dupond-Moretti, pour ne pas siéger 6 heures d'affilées, comme c'est le cas trop souvent. La dernière note le mentionnant a été délivré par Marylise Lebranchu, Ministre de la Justice de 2000 à 2002.

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