L'ancien ministre de la Justice de François Mitterrand (1981-1986) qui a porté l'abolition de la peine de mort en France, est décédé dans la nuit du 8 au 9 février à 95 ans. 81 ans jour pour jour après la rafle de la rue Sainte-Catherine. Sa famille fut personnellement touchée par cette rafle.
Robert Badinter est décédé dans la nuit du 9 février. Comme un symbole, alors que la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon le 9 février 1943, a vu son père arrêté au siège lyonnais de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF), dans le 1er arrondissement.
La famille Badinter s'était installée à Lyon, deux ans après la défaite française de 1940, la ville étant encore en zone libre. Le 9 février 1943, Simon Badinter fait partie des 86 juifs arrêtés par la Gestapo, dirigée par Klaus Barbie. Deux personnes parviennent à s’évader du Fort Lamothe (la caserne Sergent Blandan), où les personnes raflées sont internées avant d’être déportées. Seulement trois reviendront parmi ces 62 hommes et 24 femmes
Le 9 février 1943, le jeune Robert de 14 ans à l'époque, se rend lui aussi sur place chercher son père. Il manque de se faire arrêter par la Gestapo, qui avait investi l'immeuble depuis la matinée, pour un sordide coup de filet. Le père de Robert Badinter est transféré à Drancy avant d'être déporté non pas à Auschwitz, comme l'a longtemps cru sa famille, mais à Sobibor.
Au printemps de la même année, Robert, son frère Claude et leur mère partiront pour Cognin en Savoie où ils vivront cachés sous de faux papiers.
Des noms pour lutter contre l'oubli
Cette rafle est commémorée depuis 1996 par une cérémonie républicaine. Une plaque est apposée sur l'immeuble du numéro 12. "Ainsi cher Robert Badinter, répondions-nous au vœu que tu avais formulé afin que nul n’ait à penser que le temps avait pu effacer leur souvenir.", déclare alors Gérard Collomb, maire de Lyon, lors d'un hommage en 2013.
Sur place, Robert Badinter témoigne de son émotion : "Quand les enfants prononcent le nom des morts, cela m'a beaucoup touché, je pense que c'est une des formes de transmissions les plus fortes".
La FMS salue avec une grande émotion la mémoire de Robert Badinter, enfant caché, devenu avocat puis ministre, père de l'abolition de la peine de mort.
— Fondation pour la Mémoire de la Shoah (@Fondation_Shoah) February 9, 2024
Il est décédé 81 ans après la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, où son père fut pris, déporté puis assassiné à Auschwitz. https://t.co/VgwwzLEIaL
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, rend hommage sur le réseau social X, à celui qui fut ministre de la Justice, écrivain et avocat : "Nous perdons un homme d’État sans égal, dont les combats honorent à jamais notre pays. Pensée toute particulière à Lyon en ce jour anniversaire de la rafle de la rue Ste Catherine dont il fut la cible avec sa famille."