Ce mardi 31 mai 2022, les syndicats CGT, SUD et CNT des secteurs sanitaire et social, médico-social ont appelé à manifester à Lyon en début d'après-midi. Les personnels sont descendus dans la rue notamment pour protester contre leurs conditions de travail. Ils se disent "oubliés" du Ségur de la Santé.
Conditions de travail, manque d'effectifs, salaires trop bas ... voilà un bref aperçu des revendications des personnels médico-sociaux qui manifestaient à Lyon ce mardi après-midi. Ces aides-soignants, infirmiers ou agents métropolitains interviennent notamment dans les Ehpad, les maisons de repos ou encore les centres d'accueil. Des professions de moins en moins attractifs. Ces personnels qui se sentent dévalorisés, se disent "oubliés" du Ségur de la Santé.
Une infirmière, un éducateur et une salariée du secteur social évoquent leur quotidien.
Salaires à la traîne
"Je suis à l'hôpital public, j'ai un diplôme qui est bac + 3. J'ai commencé ma carrière à 1500 euros. Après 13 ans d'ancienneté, j'ai seulement dépassé les 2000 euros avec le Ségur. Avant le Ségur, j'étais à 1950 euros, sachant que je fais des week-ends et jours fériés," explique Marion, infirmière.
"On nous demande toujours plus avec toujours moins et ce n'est jamais assez bien", déplore-t-elle. "On a besoin d'être reconnus, on n'est plus des Bonnes Sœurs, on a une vie en dehors, on a une famille à faire vivre et ce n'est plus possible par les temps qui courent ce n'est plus possible", lâche l'infirmière.
Et sur le manque d'attractivité de ces professions, elle ajoute : "Le salaire à l'hôpital public est largement insuffisant. On ne plaint de ne pas arriver à recruter, mais voyez les salaires, voyez les conditions de travail ! Les jeunes n'ont plus envie d'être à l'hôpital public."
"Perte de sens" et conditions de travail
"J'accompagne des adultes en situation de handicap. On va nous parler de préoccupations financières, de prix de journée.... autant de choses qui sont éloignées de notre pratique. Notre métier, c'est le lien humain. Sans cela, ça n'a aucun intérêt. Du coup notre métier perd de sa moelle épinière et il n'a plus de sens", explique Maxime, moniteur éducateur. "On veut plus de moyens pour que l'accompagnement soit de bonne qualité et que les personnes en situation de handicap aient une vie décente dans notre société. On veut aussi plus de moyens aussi pour de meilleures conditions de travail".
Ce professionnel fait le même constat que Marion : "le manque de personnel est aussi lié à des salaires bas".
Manque d'effectifs
"Moi je travaille à la Métropole de Lyon, dans un service de polyvalence. Au niveau des effectifs on a des soucis depuis des années. Il y a souvent trois à quatre postes vacants dans de nombreuses équipes. Les personnes se relaient en permanences, prennent la charge des collègues absents. Certains mettent parfois des mois à être remplacés. Ça génère une énorme surcharge de travail en plus de toutes les problématiques sociales", explique Eléonore, fonctionnaire territoriale.
"Aujourd'hui il y a même un problème de recrutement. On n'arrive pas à trouver du personnel qui reste suffisamment longtemps, en raison de ces conditions de travail trop difficiles (...). Toutes les problématiques sont imbriquées. Il faut prendre le problème dans sa globalité mais la priorité, c'est de créer des postes", résume-t-elle.
Mardi après-midi à Lyon, comme Marion, Eléonore et Maxime, ils étaient environ 700 à être descendus dans la rue malgré la pluie pour manifester leur malaise, faire entendre leur voix et réclamer davantage de moyens humains et financiers. La manifestation à l'appel d'une intersyndicale des secteurs sanitaire et social, a eu lieu dans le 3e arrondissement de Lyon.