Originaire d'Auvergne-Rhône Alpes, Elise, actuellement bloquée à Tel Aviv, témoigne de la confusion des consignes données aux ressortissants français en Israël.
Elle est arrivée quelques jours avant la crise. En pleine confusion suite aux attaques du Hamas en Israël, elle ne sait plus quoi faire. Elise*, une étudiante de Villeurbanne originaire de Bourg-en Bresse (01), fait partie de la communauté française bloquée en Israël. Elle regrette l'absence d'accompagnement et de conseils de la part des autorités françaises.
Plus de consignes
"On se sent complètement abandonnés". La jeune femme de 27 ans, récemment arrivée à Tel Aviv pour des raisons professionnelles, dénonce l'absence d'informations délivrées par les services français à l'étranger. Le ministère des Affaires Etrangères utilise un dispositif appelé "le Fil d'Arianne", qui répertorie les ressortissants de l'étranger, et leur transmet des consignes à suivre en cas de situations à risques. "Durant les trois premiers jours de conflit, ça a fonctionné, nous recevions des mails de la cellule du quai d'Orsay, qui nous donnait ses recommandations pour assurer notre sécurité. Le dernier message était : restez vigilants, la situation peut encore dégénérer", explique Elise. "Mais depuis 48 heures, on n'a plus rien, plus de consignes, et je me demande quelle est la prochaine étape. "
Départ impossible
L'ambassade de France à Tel Aviv recommande en effet de respecter "des consignes d'extrême vigilance" détaillées notamment par les autorités israéliennes, mais n'appelle pas officiellement les ressortissants français à quitter le territoire. Selon la jeune femme, les autorités françaises délivrent pourtant des informations contradictoires : "quand on insiste, et qu'on parvient à joindre la cellule de crise après des heures d'attente, ils nous conseillent de partir par nos propres moyens, en prenant un vol avec escale, et ils nous conseillent de ne pas partir de nuit. Mais de toutes façons c'est impossible, il y a trop de monde à l'aéroport, les vols sont hors de prix et ils sont annulés les uns après les autres. De toutes manières, on est bloqué !"
Vol spécial
Dans cette situation confuse, selon la jeune femme, les Français s'entraident, mais restent dans l'incertitude. Elise a trouvé un logement à Tel Aviv, doté d'un abri en cas de tirs qui viseraient la ville. Elle doit exercer dans un laboratoire de recherche en biologie. Si elle peut, elle restera. Mais elle ne sait plus ce qu'elle doit faire. "D'un côté on me conseille d'être vigilante, d'un autre on me conseille de partir. Et s'il faut partir, comment on fait ? On attend un mail clair avec des consignes claires".
Pour l'heure, la France a annoncé un vol spécial opéré par Air France jeudi 12 octobre "pour permettre à des compatriotes qui le souhaitent, et n’ont pu trouver de places disponibles dans les vols commerciaux encore ouverts à Tel Aviv, de regagner le territoire national, dans l’attente de la reprise des vols commerciaux réguliers d’Air France", selon le ministère des Affaires Etrangères. Mais cette possibilité n'a pas été communiquée à Elise. Ce retour s'adresse en priorité aux personnes vulnérables (mineurs isolés et femmes enceintes en particulier), en situation de handicap ou en situation médicale présentant une urgence particulière.
Air France est réticente
Près de 90 000 ressortissants français sont enregistrés auprès des consulats de Tel Aviv et Jérusalem actuellement. La France se limite pour l'heure à leur délivrer des consignes "d'extrême vigilance". S'agissant de la situation aérienne, l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv demeure ouvert et des vols commerciaux de la compagnie nationale y sont opérés, mais Air France, comme la majorité des compagnies étrangères, a suspendu tous ses vols commerciaux.
La compagnie française est réticente à envoyer des avions supplémentaires en Israël dans le contexte actuel. Des négociations sont en cours avec le gouvernement français pour "définir les conditions d'un retour rapide des liaisons avec Israël". Alors que la confusion règne encore en Israël, Elise et les autres français sur place doivent s'en remettre à la patience.
*Le prénom a été modifié