Ces derniers jours à Lyon, l'implication du monde de la culture dans la contestation de la réforme des retraites n'a pas suscité l'enthousiasme du public. A l'Auditorium puis à l'Opéra de Lyon, les spectateurs venus assister aux concerts ont hué la prise de parole des salariés opposés à la réforme.
Même motif, même réaction... Ce mardi 21 mars 2023, tout comme quelques jours plus tôt à l'Auditorium de Lyon, le public venu écouter les Noces de Figaro à l'Opéra n'a pas particulièrement apprécié qu'en lever de rideau les personnels de l'institution culturelle expriment leur opposition à la réforme des retraites. Résultat : quelques applaudissements mais également des huées, de la part d'un public apparemment plus mélomane que contestataire.
"On n'est pas là pour ça ! Remboursez !"
Ce sont des interpellations de ce genre et de copieux sifflets qui avaient déjà répondu, le 17 mars dernier à l'Auditorium de Lyon, à la prise de parole d'un musicien de l'Orchestre National de Lyon, avant un concert.
Des réactions houleuses que relativise Charlotte Goupille-Lebret, régisseuse de production à l'Opéra de Lyon et déléguée syndicale. "Beaucoup de spectateurs ne se rendent pas compte de tous les métiers cachés derrière la scène. Quand on va à l'Opéra, on pense aux chanteurs, aux musiciens, au chef d'orchestre ou au metteur en scène mais on oublie tous les métiers de l'ombre. Des métiers techniques à forte pénibilité, machinistes, électriciens, menuisiers, où l'on commence à travailler jeune, avec des horaires décalés et des petits salaires."
Le 17 mars dernier, les salariés de l’Opéra de Lyon réunis en assemblée générale avaient décidé de bloquer tous les spectacles prévus jusqu'au 19 mars, en l'occurrence ceux d'un festival de l’Opéra baptisé «Franchir les portes». "Prendre la décision d'annuler un spectacle, ça nous arrache le coeur mais c'est le seul moyen de nous faire entendre" conclut Charlotte Goupille-Lebret.
Depuis plusieurs jours, le monde lyonnais de la culture est entré de plain pied dans la contestation de la réforme des retraites. Parmi les institutions culturelles de la ville touchées par la grogne, le Musée des Beaux Arts. Occupé par des artistes depuis le week-end dernier, le musée restera fermé au public jusqu'au jeudi 23 mars inclus.
Quant aux réactions du public sur les réseaux sociaux, elles sont équitablement partagées entre soutien et incompréhension.
Des représentants de la CGT spectacle et des intermittents ont annoncé une prise de parole pour dénoncer les huées à la bourse du travail à 19h50 ce jeudi 22 mars avant le spectacle des "Goguettes".