Le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, a été décerné ce lundi à Eric Vuillard, né à Lyon, pour L’Ordre du jour. Un récit sur l'arrivée au pouvoir d'Hitler, l'Anschluss et le soutien sans faille des industriels allemands à la machine de guerre nazie.
Une démonstration grinçante sur les coulisses de l'Allemagne nazie et de la Wehrmacht, par l’auteur de Tristesse de la terre et de 14 juillet . L’annonce a été faite par le jury présidé par Bernard Pivot.
Né à Lyon en 1968, Eric Vuillard est aujourd'hui installé à Rennes où il vit avec sa famille. Ce lundi, il a reçu un chèque de dix euros, dotation habituelle du Goncourt. L'enjeu est autrement plus important. Un roman primé s'écoule, selon les cas, de 200 000 à 500 000 exemplaires.
"On est toujours surpris, fatalement. Ça me fait extrêmement plaisir", a réagi Éric Vuillard, au milieu du brouhaha du restaurant Drouant, non loin de l'Opéra de Paris, où est proclamé le Goncourt. Interrogé sur la réaction de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui fut à la tête des éditions Actes Sud qui éditent Eric Vuillard, l'écrivain a confié: "elle m'a dit qu'elle était ravie".
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"L'ordre du jour" s'est imposé au 3e tour de scrutin, par 6 voix contre 4 à "Bakhita" (Albin Michel) de Véronique Olmi. Les deux autres auteurs en lice étaient Alice Zeniter pour "L'art de perdre" (Flammarion) et Yannick Haenel pour "Tiens ferme ta couronne" (Gallimard). Des quatre finalistes du Goncourt, l'auteur de 49 ans était le seul auteur dont le livre n'est pas sorti lors de la rentrée d'automne mais au printemps.
Éric Vuillard a une façon unique de se glisser dans les coulisses de l'Histoire pour donner à ses lecteurs une autre grille de lecture d'événements a priori archi-connus. Après la chute de l'empire Inca ("Conquistadors", 2009), la conquête coloniale ("Congo", 2012) et la Révolution française ("14 juillet", 2016), "L'ordre du jour" est l'occasion de revisiter l'arrivée au pouvoir des nazis. Orfèvre en écriture, l'auteur a choisi de raconter l'Histoire en insistant sur les détails.
Le prix Renaudot a pour sa part été attribué à Olivier Guez pour "La disparition de Josef Mengele" (Grasset), un roman hallucinant mais vrai sur les dernières années du médecin tortionnaire d'Auschwitz, Josef Mengele. Aucun des deux livres récompensés n'est un roman. Mais, "c'est un livre fulgurant", s'est justifié Bernard Pivot, le président de l'académie Goncourt. "Le livre est une leçon de littérature par son écriture", a-t-il ajouté.