L'horloge astronomique de la Primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon a repris du service ce 20 septembre. Un événement après des années d'attente. Vandalisée en 2013, elle l'avait plus fonctionné jusqu'à ce jour.
L'horloge astronomique de la primatiale Saint-Jean était muette depuis plus de 10 ans. Elle a été remise en service ce vendredi 20 septembre, des visiteurs sont venus l'entendre carillonner pour la première fois depuis longtemps. Midi, 14 heures, 15 heures et 16 heures : le carillon sonne quatre fois par jour.
Le temps de la restauration
Elle avait été vandalisée en mars 2013 par un fanatique. Armé d'une barre de fer, ce dernier avait endommagé l'horloge, crevé des cadrans de parchemin et endommagé des mécanismes. Il avait justifié son acte, évoquant "la magnificence de l’horloge" qui "empêchait les croyants de se concentrer sur leur prière".
L'horloge était restée en l'état depuis les faits. Pour sa réparation, elle a dû patienter et attendre la fin des travaux de restauration de la cathédrale. "L'horloge aurait pu être remise en fonction plus tôt, mais il y a eu une grande campagne de restauration intérieure de la cathédrale (...) il était plus sage d'attendre qu'il n'y ait plus de travaux à l'intérieur de la cathédrale. Les travaux sont passés en premier et on a enchaîné avec l'horloge ", explique François Botton, architecte en chef des Monuments Historiques. Une question de poussières, trop abrasives. Des dizaines d'artisans du patrimoine ont œuvré pour sa remise en fonction. Le coût de la restauration, financée par l'État, a dépassé les 300 000 euros.
Mécanique horlogère
Si l'horloge est spectaculaire, son mécanisme n'en est pas moins remarquable. Il a besoin d'une main pour le remonter. "Il y a cinq mouvements principaux, donc cinq poids à remonter tous les cinq jours. C'est assez contraignant, mais j'ai plaisir à la faire. C'est une très belle mécanique", explique Eric Desmarquest, horloger campaniste. "Dans mon métier, malheureusement, on met à l'arrêt des horloges mécaniques dans les clochers pour les électrifier. Là, c'est le contraire. On fait perdurer au maximum la mécanique pure", ajoute le campaniste.
Le père d'Eric Desmarquest, horloger, avait participé à la grande restauration de 1992. Des milliers de rouages à démonter, nettoyer, réparer, remonter. Aujourd'hui, le fils a pris le relais auprès de cette horloge en 1997. L’horloge de Saint-Jean, malgré ses restaurations successives, est la seule en France qui conserve son mécanisme d’origine.
Chef-d'œuvre
"C'est la plus ancienne encore en fonctionnement", assure François Botton. Cette horloge à rouages avec des mécanismes astronomiques est datée autour de 1379. Elle est composée d'une tour carrée surmontée d'une tourelle octogonale dans laquelle évoluent des automates. "Il y a un mélange de candeur et de sciences. Il y a des clins d'œil partout. Ça plait aux enfants, mais c'est une machine très sophistiquée, qui renvoie à des dimensions plus célestes", explique l'architecte en chef des Monuments Historiques.
Le soleil et la lune sont représentés dans leur course céleste. Cette horloge renseigne aussi sur les fêtes religieuses. Pour compléter le calendrier perpétuel, un almanach ecclésiastique précise les dates du mercredi des cendres (premier jour de carême), de Pâques, de l'Ascension, de la Pentecôte et de l'Avent. Deux statuettes fixes représentent les deux premiers évêques de Lyon : Saint-Pothin et Saint-Irénée. L'ouvrage se termine par un dôme supportant un coq qui culmine à 9 mètres du sol. L'automate bat des ailes.
La première mention attestée de la présence de l’horloge dans la primatiale date du XVᵉ siècle. Elle fut depuis remise en état et améliorée à maintes reprises par des horlogers lyonnais et suisses. L'horloge a été définitivement installée dans le transept nord, à la place qu’elle occupe encore aujourd’hui, en 1598.