Depuis le Covid, l’association Les Petits frères des pauvres s’ouvre de plus en plus à de jeunes bénévoles. Garçons ou filles, ils ont la vingtaine et veulent s’engager dans des actions qui ont du sens. Un virage qui oblige les responsables à s’adapter.
Le 24 décembre à midi résonne d’une manière particulière. Nous ne sommes pas le soir du réveillon, ni le jour de Noël à proprement parler, mais dans l’ambiance Noël. De la voiture sort son conducteur, Charles, 25 ans, qui ouvre la portière à Julienne, une dame âgée qu’il conduit jusqu’à la salle de restaurant du Novotel de Bron. C’est là que se retrouvent ce mardi une soixantaine de bénéficiaires venus de toute l’agglomération. Chaque table compte des personnes que les accompagnateurs bénévoles sont allés chercher chez elles.
Dans la vaste salle mise à disposition par la chaîne hôtelière, en attendant que ne démarre le repas de fête, deux jeunes juchés sur une scène mettent l’ambiance, une guitare à la main, un micro sur pied devant eux et le bonnet du Père Noël évidemment sur la tête. Comme pas mal d’autres, Charles est arrivé à l’association par envie de consacrer du temps aux autres, à des personnes souvent âgées et dans le dénuement. Des personnes qui souffrent de solitude et espèrent partager un moment de convivialité fraternelle. “Le soir du 24 et le 25, je suis avec ma famille. Alors, ce 24 à midi, je suis disponible pour accompagner des gens qui n’ont pas la chance de passer ces fêtes avec des proches ou avec des amis”, résume Charles, bénévole depuis bientôt deux ans.
Permettre aux autres de s'évader de leur solitude
Pour lui, être bénévole aux “Petits Frères”, c’est garder un lien avec ces publics isolés, “permettre à ces personnes de s’évader, de penser à autres chose à ce moment particulier de l'année.” Car venant de tous les quartiers de Lyon et des environs, “ces gens ont tous une histoire de vie différente, avec des points communs parfois, on en apprend beaucoup en discutant avec eux, en riant avec eux ”, confie Charles.
Rire, voilà l’un des aspects qui apporte de la joie à Julienne, bénéficiaire des Petits Frères des Pauvres depuis quelques années. “ Charles, c’est la deuxième fois qu’il vient de me chercher. Je le trouve sympa et très accueillant, on parle et on rit beaucoup, ça me plaît bien d’être avec lui, on se sent entouré, en famille.” Certains bénéficiaires, dans la salle autour des tables rondes, ne peuvent plus manger seuls. Ils ont besoin d’aide. Là encore, de ce sont les bénévoles qui assurent ces tâches. Ce jour-là, entre les organisateurs du repas et les bénévoles, ils sont une bonne cinquantaine. Parmi eux, beaucoup de jeunes visages qui tranchent avec ceux des bénévoles historiques qui viennent encore.
Ce qui revient chez ces jeunes : donner du sens à leur vie parce que le boulot, ça ne leur suffit pas
Marie Christine Contant, responsable du recrutement des nouveaux bénévoles,
Glissement d'âge des bénévoles
Responsable du recrutement des nouveaux bénévoles, Marie Christine Contant, a constaté ce glissement d’âge chez les nouveaux bénévoles. “ Nous avons beaucoup moins de retraités qu’avant, c’est très agréable d’être avec des jeunes, ça apporte un souffle nouveau ”, reconnaît-elle. Les jeunes s’investissent et ne sont pas avares en engagement, y compris temporel. “ Mais ils ne restent pas forcément des années et des années, certains même nous accompagnent que durant une année, avant de devoir poursuivre leur route.” Conséquence : l’association doit changer ses habitudes et se caler en partie sur ces nouveaux modes de fonctionnement. “ Ça apporte une dynamique que l’on ne connaissait pas auparavant. ” Cette bouffée de fraîcheur est appréciable et fait un bien fou à la plupart des convives et des gens suivis dans la durée par l’association.